Bras de fer entre Darmanin et Rousseau sur les victimes policières et celles d'"actions policières"

La politique est riche de ses références. Dans un débat sur la police, peuvent ainsi se mêler Gandhi, Mandela ou encore Martin Luther King. Tout est bon pour se faire entendre. Même la longue énumération des morts. Illustration ce mardi lors des questions au gouvernement.
La députée écologiste Sandrine Rousseau prend la parole. Elle interpelle le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
"Vous avez fait lever l'Assemblée sur les policiers morts au service, et je me suis levée", rappelle l'élue de Paris, en référence à une intervention un peu plus tôt de son interlocuteur.
Le patron de la place Beauvau avait également cité tout une série de noms.
"Justice"
Sandrine Rousseau prend le chemin inverse. "Maintenant, je voudrais que nous nous levions pour les victimes des actions policières", dit la parlementaire, avant d'en citer plusieurs d'entre elles et de terminer par l'évocation de Nahel. Une façon de fustiger un deux poids deux mesures du ministre de l'Intérieur. Lequel souffle sur son banc.
Sandrine Rousseau dénonce ses "éléments de langage" après la manifestation de ce samedi en mémoire à Adama Traoré, à laquelle elle a participé, tout comme des insoumis, malgré son interdiction par la préfecture de police. Plus tôt, Gérald Darmanin a cogné sur des députés "extrémistes qui crachent sur la tombe des policiers".
L'ex-finaliste de la primaire d'EELV se défend en s'appuyant sur ceux qui "ont bravé tous les interdits pour manifester au nom de la justice".
"Que les immenses Martin Luther King, Gandhi, Mandela nous regardent. Plus proches, que les militants d'une Algérie indépendante nous écoutent", déclare-t-elle.
"Vous avez manifestement confondu les choses"
Sandrine Rousseau termine son propos en désignant la Brav-M comme le dénominateur commun de "la répression des gilets jaunes, l'arrestation d'Yssoufou Traoré (le frère d'Adama), les insultes et menaces contre le jeune Souleyman, les exactions violentes au moment de la réforme des retraites". La Brav-M, "une unité dont est issu le policier qui a tiré sur Nahel", enfonce encore l'écologiste.
Gérald Darmanin se lève. "Dans votre démonstration, vous avez manifestement confondu des choses", introduit ce dernier, précisant que ce ne sont pas des policiers de la Brav-M qui ont tiré sur le jeune conducteur de Nanterre", mais "des policiers de la DOPC (Direction de l'ordre public et de la circulation)".
Puis, le ministre de l'Intrérieur se plonge dans les archives de Twitter pour mieux décrédibiliser son adversaire. Il cite un premier tweet, datant du "7 juillet" et désormais "supprimé". Dans celui-ci Sandrine Rousseau stipule que "la police ne peut, ne doit pas tuer", selon Gérald Darmanin.
"Vos électeurs doivent se dire qu'ils se sont trompés"
Elle affirme également que "le tir, même en cas de terrorisme ne doit pas être l'option privilégiée" et qu'il "ne peut exister que dans des cas extrêmes" Le ministre ironise: "Est-ce que vous pensez que le terrorisme est un cas extrême pour les policiers?"
Après être revenu sur un second tweet, Gérald Darmanin en évoque un troisième, publié le 30 juin, au moment où des émeutes s'organisaient dans le pays "Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté?", avait écrit Sandrine Rousseau.
Soucieux de s'adresser aux classes populaires dans son discours, l'ex-sarkozyste répond: "quelle insulte envers les pauvres, quelle insulte envers les classes modestes qui tous les jours travaillent." Et Gérald Darmanin de conclure: "madame Rousseau, ce ne sont pas Mandela et Gandhi qui vous regardent, mais vos électeurs qui doivent se dire qu'ils se sont trompés".