BFMTV
Gouvernement

Darmanin accuse les députés présents à la marche pour Traoré de "cracher sur la tombe des policiers"

placeholder video
Le ministre de l'Intérieur a vivement critiqué les élus de la Nupes qui ont participé au rassemblement en hommage à Adama Traoré, décédé après son arrestation par des gendarmes en 2016. Ce rassemblement, interdit par la préfecture, a été "pacifique, digne", a défendu le député LFI Thomas Portes.

Une présence qui ne passe pas dans les rangs du gouvernement. Gérald Darmanin a sévèrement tancé les députés insoumis et écologistes qui ont assisté samedi au rassemblement en hommage à Adama Traoré, interdit par la préfecture de police.

"Plutôt que de donner publicité à des extrémistes qui crachent sur la tombe des policiers, je voudrais vous faire applaudir tous les policiers morts en service", a lancé le ministre de l'Intérieur, interpellé lors des questions au gouvernement.

Un symbole après la mort de Nahel

Le locataire de la place Beauvau s'est ensuite lancé dans l'énumération des noms des policiers morts ces dernières années en service, sous les applaudissements des députés dont ceux de la Nupes.

Environ 2000 personnes, dont une dizaine d'élus Nupes, ont participé le week-end dernier à cette mobilisation à Paris en mémoire d'Adama Traoré, mort en 2016 peu de temps après son interpellation par des gendarmes dans le Val-d'Oise à l'issue d'une course-poursuite.

Ce rassemblement, organisé chaque année autour de la date anniversaire du décès du jeune homme à l'âge de 24 ans, revêtait un symbole particulièrement fort ces derniers jours. Il a eu lieu quelques jours seulement après la mort de Nahel, tué d'un tir de policier à Nanterre, suivi de plusieurs jours d'émeutes urbaines.

"Une marche pacifique, digne"

Si deux marches avaient été annoncées à Persan et à Beaumont-sur-Oise avec la venue de la mère de Nahel, la préfecture du Val-d'Oise les avaient interdites jeudi dernier, craignant des "risques de troubles à l'ordre public". Cette décision a ensuite été confirmée par la justice administrative, saisie en urgence par la sœur aînée d'Adama, Assa Traoré.

Mais le comité organisateur de la marche n'avait pas renoncé et avait donc annoncé un rassemblement place de la République, à son tour interdit en préfecture. Dans les rangs des députés insoumis présents, on persiste et signe en assumant entièrement avoir participé à ce rassemblement.

L'élu LFI Thomas Portes a défendu une "marche pacifique, digne" dans l'hémicycle, avant d'égréner à son tour les "noms de morts de violences policières qui se multiplient" sous les applaudissements des députés de son camp.

Yaël Braun-Pivet "atterrée"

"L'interdiction de la marche d'Adama est une provocation dans le contexte où les gens ont besoin de marcher pacifiquement pour exprimer à la fois leur colère et des revendications", a quant à elle affirmé la patronne des députés LFI Mathilde Panot dimanche sur BFMTV.

La participation à une manifestation interdite "n'est pas illégale", a encore rappelé l'élue du Val-de-Marne.

Dans les rangs de la macronie, on n'a guère apprécié la démarche des élus de gauche. Les présidents des groupes de la majorité présidentielle se sont fendus ce mardi matin d'un courrier à Yaël Braun-Pivet lui demandant des sanctions contre les députés présents.

La patronne de l'Assemblée nationale s'était elle-même dite "atterrée" par la présence des députés à ce rassemblement sur son compte Twitter.

Marie-Pierre Bourgeois