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"Beaucoup de Kevin et de Mathéo": Gérald Darmanin balaie "l'explication identitaire" des émeutes

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Le ministre de l'Intérieur, interrogé sur le profil des émeutiers ce mercredi, a rejeté "l'explication identitaire des émeutes" avancée par une sénatrice LR. Selon lui, il y avait aussi "beaucoup de Kevin et de Mathéo" parmi les jeunes gardés à vue pour violences urbaines la semaine passée.

"Qui sont ces gens?" Lors de son audition par la commission des lois du Sénat, Gérald Darmanin a été interrogé ce mercredi sur le profil des émeutiers responsables des violences urbaines qui ont secoué le pays pendant plusieurs jours la semaine dernière.

La sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio a interpellé le ministre de l'Intérieur sur un éventuel lien entre l'immigration et ces émeutes qui ont vu le jour après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre fin juin. Une analyse non partagée par Gérald Darmanin, qui lui a rétorqué que "90% des émeutiers" étaient français, pour seulement "10%" d'étrangers.

L'explication identitaire me paraît très erronée"

En quatre jours, Gérald Darmanin dit rendu visite à "une quinzaine de commissariats de nuit", où il a pu voir la liste des gens placés en garde à vue et pour quel motif ils étaient là. "Qui sont ces gens? (...) J'ai regardé. Faites le dans vos commissariats", a déclaré le ministre.

"Oui, il y a des gens qui apparemment pourraient être issus de l'immigration, affirme d'abord Gérald Darmanin face aux sénateurs. "Mais il y a eu beaucoup de Kevin et Mattéo, si je peux me permettre."

Et d'ajouter: "l'explication identitaire me paraît très erronée, je pense que ce serait se tromper" de répondre de la sorte.

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"Est-ce que l'explication sociale est la seule réponse?", s'interroge-t-il ensuite, avant de répondre: "Je ne le crois pas totalement non plus". "D'abord ce serait une insulte extrêmement forte pour toutes les familles qui travaillent et respectent l'ordre. Et ce n'est pas parce qu'on connaît des situations très modestes qu'on attaque des bibliothèques ou des CCAS (Centre communal d'Action Social)".

"Ne pas confondre les choses"

Le ministre de l'Intérieur a poursuivi son argumentaire en rappellant qu'étant lui-même "issu de l'immigration par (sa) famille et étant issue d'une famille modeste", il était convaincu qu'il y avait "une part de liberté de chaque individu de se sortir de son déterminisme".

Face aux sénateurs qui l'auditionnaient, Gérald Darmanin a considéré qu'il pouvait en effet "y avoir des réflexes communautaires ou identitaires, comme de classe sociale", mais il s'est targué de "ne pas confondre les choses".

"Je crois que le principe de la République c'est de ne pas discriminer les gens ni par l'un ni par l'autre. Je ne suis pas naïf, madame la sénatrice, je dis juste que je ne veux pas confondre les choses et j'ai toujours combattu les discours qui consistaient à dire qu'il y avaient des gens qui intrinsèquement étaient prédéterminés", a-t-il développé devant la commission des Lois.

Le ministre a enfin rappelé que "beaucoup d'enfants de l'immigration" travaillaient pour "la police nationale, la BRI, la gendarmerie ou dans les armées", et qu'il s'agissait pour lui plutôt d'"une question d'intégration et d'action de la République pour les aider à s'intégrer" et à "se responsabiliser individuellement".

Un peu plus tôt ce mercredi, le président des sénateurs républicains Bruno Retailleau avait lui aussi affirmé que ces émeutes avaient eu lieu dans "des quartiers où il y a de forts taux migratoires", s'inquiétant d'"une sorte de régression vers les origines ethniques" "de jeunes issus de l'immigration".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV