"C'est sain d'avoir peur": des pompiers racontent leurs interventions au coeur des émeutes

Des interventions incessantes, tout au long de la nuit. Pendant les quatre jours d'émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, les pompiers de Bordeaux ont travaillé d'arrache-pied dans des conditions difficiles, voire hostiles.
"C'est sain d'avoir peur. Cela permet d'éviter d'y aller en toute décontraction", témoigne auprès de BFMTV le sapeur-pompier Julien, adjudant-chef.
"On a toujours un petit peu peur que les choses se passent mal, pour nous, comme pour les gens qu'on est amenés à secourir", poursuit-il.
"Une certaine appréhension"
L'un des équipages de la caserne a reçu un pavé sur le pare-brise de son camion ainsi que plusieurs projectiles, dont des tirs de mortier d'artifice. Si aucun soldat du feu n'a été blessé, ces pompiers bordelais avaient pour consigne de ne pas s'engager à n'importe quel prix.
"On évite de s'engager inutilement", raconte encore Julien. On essaie de faire des choses raisonnées, 'tactiques'".
Pendant ces nuits de violences urbaines, les pompiers, travaillant de concours avec les forces de l'ordre, sont intervenus de nombreuses fois, notamment pour mettre en sécurité des habitations ou encore éteindre des incendies susceptibles de se propager.
"Nous travaillons avec une certaine appréhension. Notre sécurité est potentiellement compromise", admet le capitaine Marc avant d'expliquer que ce genre de situations demande une révision des procédures et un briefing des personnels.
Selon le ressenti d'un sapeur-pompier de cette caserne de Bordeaux, ces quatre nuits d'émeutes ont par ailleurs entraîné autant d'interventions sur des incendies qu'en un mois de travail classique.