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Paris Île-de-France

"Vous mettez de l'huile sur le feu": échanges tendus au Conseil de Paris à propos de la mort de Nahel

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La tension a notamment été vive lorsque l'élu écologiste Nour Durand-Rocher a dénoncé, devant le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez une "montée du racisme dans notre société et nos institutions".

La mort de Nahel à Nanterre tué par un tir de policier et les violences urbaines qui l'ont suivi, ont été au cœur des débats lors du début du Conseil de Paris ce mardi matin. Le ton est rapidement monté dans la salle de l'hôtel de ville à la suite d'une intervention de l'élu écologiste Nour Durand-Rocher qui a estimé, lors de sa prise de parole, que la mort de l'adolescent de 17 ans n'était pas un "fait divers".

"Le drame qui s’est joué mardi dernier est la traduction d’une montée du racisme et de son expression dans notre société et dans nos institutions. C’est ce qui explique qu’un membre des forces de l’ordre se soit senti autorisé à appuyer sur la détente à bout portant face à un mineur qui ne représentait aucune menace pour sa sécurité", a affirmé le conseiller de Paris.

"Les chiffres montrent que lorsqu’on est un garçon, jeune, racisé, on a 18 fois plus de chances de faire l’objet d’un contrôle d’identité, parfois dix fois dans la journée, qu’une autre personne ne correspondant pas à ces critères", a poursuivi l'élu écologiste.

"Ce que vous dites est très grave"

Des propos qui n'ont pas manqué de faire réagir mais surtout d'agacer le préfet de police Laurent Nuñez, présent ce mardi aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo.

"Je ne partage pas le lien qui a été fait très directement entre le drame d'il y a huit jours et une police qui serait raciste", a-t-il directement souligné, assurant à nouveau que "la police n'est pas raciste".

"Il peut y avoir des dérapages, mais ils sont sanctionnés et punis. Ce que vous dites, est très grave. Vous mettez de l'huile sur le feu", a accusé le préfet de police.

Ce dernier a insisté sur le fait que "les propos racistes émis dans la police nationale et la gendarmerie sont punis". "Le lien que vous faites entre ce drame et une police qui serait raciste est inacceptable", a fustigé le préfet de police, sous les applaudissements du groupe "Changer Paris".

Échange tendu entre Geoffroy Boulard et Anne Hidalgo

A l'issue de cet échange, Anne Hidalgo, a pris la parole, estimant qu'il y a "un sujet de confiance entre la police et la population, qui est un sujet incontournable de la stabilité de toutes nos institutions et de la démocratie".

"Ce sujet-là mérite d'être traité sans tabou", a appelé l'édile parisienne.

"Poser le débat, ce n'est pas un acte d'hostilité, mais c'est quelque chose qui doit nous permettre de trouver le chemin. Pour ma part, je suis très claire. Condamnation de toutes les violences et soutien à la police dans le rôle qui est le sien (...) Et condamnation lorsque des personnes, dans le cadre de l'usage de l'autorité qui leur est conférée par la loi, outrepassent cette autorité", a poursuivi la première magistrate de la ville.

Une altercation a alors éclaté entre le maire du 17e arrondissement Geoffroy Boulard et la maire socialiste. "Vous n'êtes pas juge", a crié dans la salle l'élu LR en plein discours de la maire, ce à quoi Anne Hidalgo a immédiatement rétorqué, sous les applaudissements d'une partie du Conseil de Paris: "je ne suis pas juge mais citoyenne, et première magistrate de cette commune".

Suspension de séance

Geoffroy Boulard a ensuite continué à attaquer la maire de Paris, estimant qu'elle jouait un "jeu très dangereux". "Vous n'avez pas applaudi le préfet", a-t-il souligné, dénonçant un "naufrage" de la maire de Paris.

À la suite de ces nouveaux échanges tendus, de nombreuses protestations se sont produites dans l'hémicycle parisien ce qui a entraîné une suspension de séance et la réunion de tous les présidents de groupe pour faire revenir le calme.

En marge, de ces débats, la mairie de Paris a également annoncé un fonds d’aides pour les commerçants qui ont été touchés par les violences de ces derniers jours. La somme n’a toutefois pas encore été précisée.

Après plusieurs violentes nuits d'émeutes à Paris qui avaient occasionné de lourds dégâts, la situation a été nettement moins agitée ces deux dernières nuits dans la capitale. 24 personnes ont été interpellées la nuit dernière à Paris et en petite couronne, selon un bilan du ministère de l'Intérieur.

Nicolas Dumas et Gauthier Hartmann