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Rassemblement national

Quand Marine Le Pen appelait à "l'inéligibilité à vie" des élus condamnés pour détournement de fonds publics

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 3 février 2025

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 3 février 2025 - Bertrand GUAY / AFP

La présidente des députés RN a été condamnée ce lundi à 5 ans d'inéligibilité dans l'affaires des assistants parlementaires européens. Si ses proches ont dénoncé son "exécution" par la justice, Marine Le Pen souhaitait pourtant elle-même en 2013 que de telles peines soient prononcées contre les élus jugées coupables de détournement de fonds publics.

Des propos qui ont mal vieilli. Presque 12 ans avant d'être condamnée à une peine de 5 ans d'inéligibilité dans le cadre du procès du Rassemblement national ce 31 mars, Marine Le Pen avait des mots très durs contre les élus dans la même situation.

"Quand allons-nous tirer les leçons et effectivement mettre en place l'interdiction de l'inéligibilité à vie pour tous ceux qui ont été condamnés pour des faits commis grâce ou à l'occasion de leur mandat?", se demandait celle qui était alors députée européenne en avril 2013 sur Public Sénat.

Le Pen "exécutée" par la justice

Au lendemain du réquisitoire du parquet en novembre dernier, la présidente des députés RN avait accusé les juges de vouloir "une peine de mort politique". Quelques minutes après le jugement du tribunal de Paris, ce sont les proches de Marine Le Pen qui sont montés au créneau pour la défendre.

"Et pourquoi pas pour détournement de fonds publics?"

Les mots tenus par l'ex candidate à la présidentielle étaient pourtant très différents en 2013.

"Moi j'ai entendu le président de la République (François Hollande) dire que, ce qu'il faudrait, ce serait de rendre inéligible à vie ceux qui étaient condamnés. Jusque là, j'étais parfaitement d'accord, c'est dans mon projet présidentiel. Mais lui parle seulement de corruption et de fraude fiscale", avançait-elle à l'époque, en pleine affaire Cahuzac.

Alors ministre du Budget, Jérôme Cahuzac avait été mis en cause par la justice pour avoir détenu un compte bancaire non déclaré en Suisse. Le socialiste avait pourtant fait de la lutte contre la fraude fiscale son cheval de bataille.

"Ah bon, mais pourquoi pas le reste? Mais alors pourquoi pas pour favoritisme, pourquoi pas pour détournement de fonds publics? Pourquoi pas pour emplois fictifs?", insistait alors Marine Le Pen.

L'inéligibilité, son ex cheval de bataille

En 2012, elle proposait dans son livre Pour que vive la France d'utiliser "l'arme de l'inéligibilité avec beaucoup plus de rigueur", tout en l'évoquant dans plusieurs discours de campagne. La mesure a cependant disparu de son programme en 2017 puis en 2022.

L'ex-patronne du parti à la flamme a pourtant été reconnue coupable de détournement de fonds publics ce lundi. Le tribunal a estimé que le préjudice total était de 4,1 millions d'euros, en faisant "prendre en charge par le Parlement européen des personnes qui travaillaient en réalité pour le parti" d'extrême droite.

Elle était "au centre" d'un "système organisé", ont encore avancé les juges ce lundi. L'accusation avait déjà requis des peines particulièrement sévères à l'encontre de Marine Le Pen le 27 novembre dernier, à l'issue d'un procès-fleuve de près de 2 mois.

Un casier judiciaire vierge exigé par Bardella

Jordan Bardella lui-même avait semblé se prendre les pieds dans le tapis en novembre dernier sur BFMTV. Alors que Marine Le Pen était déjà sous le coup du réquisitoire très sévère du parquet, Jordan Bardella avait estimé qu'une personne condamnée en justice ne pouvait pas se présenter sous l'étiquette RN.

En 2017, Marine Le Pen, déjà députée, s'était abstenue à trois reprises de voter en faveur de l'instauration d'une peine complémentaire d'inéligibilité en cas de condamnation pour atteinte à la probité dans le cadre de la loi pour la moralisation de la vie publique.

Marie-Pierre Bourgeois