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Rassemblement national

Guerre en Ukraine: saisir les avoirs russes gelés? Marine Le Pen craint "un retour de bâton" de Moscou

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 4 mars 2025

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 4 mars 2025 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Au lendemain du vote à l'Assemblée d'une résolution appelant à la saisie des avoirs russes gelés pour soutenir l'Ukraine, Marine Le Pen explique les raisons pour lesquelles les députés d'extrême droite sont "réservés" sur une telle mesure.

Marine Le Pen craint une "décision irresponsable pour les intérêts de la France". La cheffe des députés du Rassemblement national (RN) explique ce jeudi 13 mars sur Europe 1 pourquoi ses troupes sont "réservées" sur la question de la saisie des avoirs russes gelés, au lendemain du vote d'une résolution en ce sens à l'Assemblée nationale.

"D'abord, parce qu'au niveau du droit international, c'est interdit", explique la triple candidate à la présidentielle, soulignant ensuite que "si vous commencez à faire cela, vous risquez que plus aucun investissement ne s'effectue en France".

Enfin, "si l'Union européenne décide de saisir les avoirs russes dans l'Union européenne, combien y a-t-il d'avoirs des pays de l'Union européenne en Russie?", questionne l'élue d'extrême droite.

Et d'insister: "Il y aura de toute façon un retour de bâton, par un effet de parallélisme des formes. Je pense que ne pas réfléchir à ça, ne pas avoir les éléments sur la table avant de prendre cette décision, serait pour le coup irresponsable pour les intérêts de la France."

Opposition de l'exécutif jusqu'ici

La saisie des avoirs russes, "il me semble qu'Emmanuel Macron est contre également", souligne aussi Marine Le Pen dans son interview.

"On peut prendre les revenus des avoirs gelés, mais on ne peut pas prendre les avoirs eux-mêmes, parce que ça ne respecte pas le droit international. Et on veut respecter le droit international", avait déclaré le président de la République le 24 février lors de sa rencontre avec Donald Trump à la Maison Blanche.

Ce mercredi, les députés ont adopté une résolution sur le renforcement du soutien à l'Ukraine. Celui-ci exhorte notamment "l'Union européenne et ses États membres à procéder sans délai à la saisie des avoirs russes gelés et immobilisés, (...), afin de financer le soutien militaire à l'Ukraine dans sa résistance, et sa reconstruction."

Ce texte, qui n'a aucune valeur contraignante, mais qui permet aux députés d'espérer peser sur la ligne de l'exécutif, a été adopté par 288 voix pour et 54 contre. Les députés du camp présidentiel, des Écologistes, du Parti socialiste et du parti Les Républicains l'ont soutenu, tandis que La France insoumise et des députés communistes se sont prononcés contre. Le RN, lui, s'est abstenu.

Jusqu'ici, les pays de l'UE utilisent les profits dégagés par les quelque 235 milliards d'avoirs russes gelés, qui représentent une manne de 2,5 à 3 milliards par an. Comme Emmanuel Macron, le gouvernement affiche des réserves. "La saisie totale du principal de ces avoirs pose des questions juridiques" et "la question du précédent économique que ça pourrait représenter pour les investisseurs étrangers", a déclaré dans l'hémicycle le ministre chargé de l'Europe Benjamin Haddad ce mercredi.

"Cela étant dit, (...) c'est un levier dont nous disposons dans le rapport de force et dans la négociation avec la Russie", a-t-il ajouté, en ne s'opposant pas frontalement à l'inclusion de cette mesure dans le texte.

Le député du groupe indépendant Liot Laurent Mazaury, par ailleurs rapporteur du texte, a estimé pour sa part que le "droit coutumier" permet d'utiliser les avoirs s'ils sont "bien dédiés à la problématique de la soutenance à l'Ukraine et à la reconstruction de l'Ukraine", sans "en faire d'autres usages".

Marine Le Pen avait indiqué ce mardi qu'elle était opposée à cette résolution en raison d'un alinéa sur l'adhésion de l'Ukraine à l'UE. Le texte, dans sa version finale, invite l'UE à "accompagner le processus d'adhésion".

Baptiste Farge