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Rassemblement national

"Des blagues qui ne font pas rire": Marine Le Pen critique les "mesurettes" de Bruno Retailleau sur l'entrisme islamiste

La leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, à l'Assemblée nationale le 20 mai 2025

La leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, à l'Assemblée nationale le 20 mai 2025 - Anne-Christine POUJOULAT / AFP

La leader du RN revient sur les pistes proposées par le ministre de l'Intérieur, jugeant qu'elles sont insuffisantes pour lutter contre "l'entrisme" des Frères musulmans, objet d'un rapport alarmiste.

La leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, balaye ce jeudi 22 mai les conclusions d'un rapport alarmiste consacré aux Frères musulmans et à l'islamisme politique, considérant que son parti d'extrême droite tire depuis longtemps la sonnette d'alarme, sans être entendu.

"Ce rapport, on n’y a pas appris grand-chose. Je suis contente d’avoir contribué à sensibiliser la classe politique à ce problème majeur de l’entrisme du fondamentalisme islamiste, mais enfin cela fait 15 ans que l’on dit cela et cela fait 15 ans que l’on nous explique que cela est faux", grince la cheffe des députés du RN au micro de France 2.

Demandé en 2024 à deux fonctionnaires et objet d'un Conseil de défense autour d'Emmanuel Macron mercredi, ce document pointe les méthodes des Frères musulmans, un mouvement qui constitue une "menace pour la cohésion nationale" en développant un islamisme "par le bas".

Des "mesurettes" proposées par Retailleau

Le rapport a vocation à "sensibiliser l'État sur cette problématique", mais aussi à "faire connaître au grand public, aux élus locaux, la menace et comment elle procède", a souligné l'Élysée, "car l'entrisme, c'est du temps long, c'est dissimulé, et c'est un discours qui est très policé".

Selon le rapport gouvernemental, 139 lieux de culte en France sont rattachés aux Frères musulmans, ainsi que 280 associations et 114 écoles coraniques.

Pour combattre "les idéologies islamistes", Marine Le Pen brandit sur France 2 une proposition de loi qu'elle avait déposée à l'Assemblée nationale en février 2021, distinguant les réponses de sa formation des "mesurettes" proposées par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, également qualifiées de "blagues qui ne font pas rire."

Ce dernier, que le RN s'efforce à disqualifier depuis sa nomination place Beauvau, a esquissé plusieurs pistes devant le Sénat: "une meilleure organisation de l'État" avec "un vrai chef de file en matière de renseignement" et "un parquet administratif au ministère de l'Intérieur" pour "diligenter des dissolutions" et "des entraves administratives".

Il a également évoqué une "formation" des fonctionnaires et des élus locaux, et une "stratégie de sensibilisation du grand public", soulignant "des trous dans la raquette" concernant les "circuits financiers" de cette mouvance.

"Il n’y a qu’une loi générale qui vise à combattre l’ensemble des moyens mis en œuvre par le fondamentalisme islamiste pour réussir à le faire reculer", répond Marine Le Pen, dont le parti prône l'interdiction des Frères musulmans. "Il faut aller chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications", liste-t-elle.

Mercredi, le rapport sur les Frères musulmans a fait l'objet d'un recadrage d'Emmanuel Macron en Conseil de défense devant plusieurs ministres, dont Bruno Retailleau. Alors que des extraits du document avaient fuité dans Le Figaro, il a fait savoir son mécontentement. Non seulement à ce sujet, mais aussi concernant les propositions faites par le gouvernement. Lesquelles ne sont pas à la hauteur de la "gravité des faits", d'après lui.

Baptiste Farge