BFMTV
Europe Ecologie les verts

De Rugy quitte EELV: début d'un processus ou initiative solitaire?

François de Rugy avec Emmanuelle Cosse et Cécile Duflot, le 5 avril 2014

François de Rugy avec Emmanuelle Cosse et Cécile Duflot, le 5 avril 2014 - Alain Jocard - AFP

Quels sont les projets de François de Rugy? Celui qui vient de quitter son parti sera-t-il suivi par d'autres membres d'EELV? Et ce départ fracassant pourrait-il lui être utile?

François de Rugy a claqué la porte. Considéré comme l'un des leaders d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), il accuse ce jeudi son parti de "dérive gauchiste", aggravant la crise qui touche un mouvement écologiste profondément divisé.

Après de longs mois de troubles, l'explosion d'EELV est-elle engagée? Jean-Vincent Placé, avec qui François de Rugy a fondé un "club de réflexion" en juillet "va partir" également, a prédit sur Europe 1 Daniel Cohn Bendit, ancien eurodéputé qui a décidé de quitter la vie politique en 2014. Le président du groupe au Sénat, "surpris" par cette annonce selon son entourage, n'a pas commenté. Au mois de juin, quelques mois après la députée Isabelle Attard, le député du Gard Christophe Cavard quittait EELV, un parti "en déliquescence" qui "va dans le mur" en raison de "l'esprit sectaire" qui le gagne, avait-il expliqué alors. 

"L'explosion couve depuis des mois"

"La question est désormais de savoir si c’est le début d’un processus ou une initiative solitaire. Est-ce que François de Rugy sera suivi par d’autres ou pas?", interroge Thierry Arnaud, chef du service politique de BFMTV. "L’explosion couve depuis des mois, elle vient de commencer avec cette décision", avance quant à lui l'éditorialiste politique Laurent Neumann sur BFMTV. "Jean-Vincent Placé avait menacé de le faire, François de Rugy lui, est passé aux actes avec une idée derrière la tête celle de fédérer les réformistes chez les verts", a-t-il rappelé.

Pour le Thierry Arnaud, le départ de François de Rugy est "la conclusion logique des journées d’été qui viennent de se terminer et qui ont porté vers de nouveaux sommets l’étalage des divisions de ce qu’on n’ose plus appeler un parti". "Le divorce est désormais consommé entre ceux qui considèrent que l’avenir de l’écologie politique en France se situe dans l’union de la gauche, aux côtés de François Hollande, et ceux pour qui la démarche passe par une politique plus radicale, plus à gauche", développe-t-il.

Hollande veut "le ralliement d'un mouvement structuré"

Ces tendances divisent EELV depuis le départ de Cécile Duflot du gouvernement, en avril 2014. A la tête de plusieurs parlementaires, François de Rugy, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili se sont prononcés ouvertement pour un retour au gouvernement. Le départ de François de Rugy lui permettra-t-il de se rapprocher de la majorité gouvernementale, voire de viser un maroquin dans l'équipe de Manuel Valls?

"Dire que François de Rugy quitte EELV pour devenir ministre serait une simplification abusive", met en garde Thierry Arnaud.

"Ce qui intéresse François Hollande, ce ne sont pas des débauchages individuels mais le ralliement d’un mouvement écologiste structuré, cohérent, convaincant. Si François de Rugy, Jean-Vincent Placé et d’autres sont capables de se rassembler et de rassembler autour d’eux pour en jeter les bases, alors ils ont des chances sérieuses de rentrer au gouvernement". Mais cette opération ne pourrait réussir que si elle était menée très rapidement: si remaniement il y a, il aura lieu après les élections régionales de décembre. 

A. D.