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Politique

Enquête au Modem: quand Bayrou met la pression sur Radio France

François Bayrou, président du MoDem

François Bayrou, président du MoDem - PATRICK KOVARIK / AFP

Ministre de la Justice et président du Modem, François Bayrou a appelé le directeur de la cellule investigation de Radio France pour exprimer son indignation sur un reportage, portant sur les contrats de salariés du Modem, qui n'avait pas encore été diffusé.

Le parquet de Paris a annoncé, ce vendredi, l'ouverture d'une enquête préliminaire sur les salariés et assistants parlementaires du Modem. François Bayrou, le garde des Sceaux et président du Modem, contacté par Mediapart, assure n'avoir appris cette décision que "quelques minutes à l'avance". Mais l'essentiel de l'article publié ce vendredi par le site d'investigation se situe deux jours en amont. Mediapart signale en effet que mercredi après-midi François Bayrou a décroché son téléphone pour discuter dix minutes environ avec Jacques Monin, directeur de la cellule investigation de Radio France. L'objet: protester contre un reportage (pas encore diffusé à ce moment-là) sur l'actualité qui tourmente sa formation politique. Jacques Monin se souvient:

"Des gens de chez vous sont en train de téléphoner à des salariés du Modem, de les harceler de manière inquisitrice, et de jeter le soupçon sur leur probité.”
Le journaliste rétorque alors: "Je réponds à François Bayrou que la description qu’il me fait du travail des journalistes de la cellule investigation que je dirige ne correspond pas du tout à leur façon de travailler, que je n'ai pas à communiquer sur une enquête en cours de nos journalistes qui n’est pas passée à l'antenne, et que le harcèlement étant un délit pénal, je pouvais interpréter ses propos comme une pression malvenue."

"Ce n'est pas le ministre" qui appelle "c'est le citoyen"

L'homme politique s'oppose à l'idée selon laquelle son intervention visait à faire pression sur le groupe radiophonique public. Il affirme à Mediapart que c'est la situation de certains salariés du Modem qui a motivé son appel:

"Ils étaient appelés en dehors de leur lieu de travail, et les journalistes leur demandaient des explications sur leurs fonctions actuelles et passées. Une des salariées est venue dans mon bureau en pleurant, et nombre de cas me sont remontés. J’ai seulement dit au responsable de la cellule investigation que ces salariés vivaient cela comme du harcèlement. Ce n’est pas une menace, ni de l’intimidation. J’ai seulement dit que je trouvais cela choquant." 

Quand on lui demande s'il n'est pas inconvenant qu'un ministre de la Justice prenne ce genre d'initiative, il répond: "Ce n’est pas le ministre de la justice ni le président du Modem qui a appelé, c’est le citoyen, simplement pour protéger ces jeunes femmes."

Robin Verner