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Politique

Emmanuel Macron et François Hollande en conflit ouvert

François Hollande et Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, le 15 septembre 2017.

François Hollande et Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, le 15 septembre 2017. - Ludovic MARIN / AFP

Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron est glacial avec celui qu'il appelle son "prédécesseur". En l'espace de quelques mois, à coup de petites phrases, le ton s'est dégradé entre eux.

Pendant tout l'entretien, il l'a appelé son "prédécesseur". Sur TF1 dimanche soir, Emmanuel Macron a multiplié les piques à l'égard de François Hollande, mais sans prononcer son nom. De quoi donner une image encore plus glaciale de leur relation. Le chef de l'Etat a âprement défendu sa réforme de l'ISF, tentant de décoller cette étiquette de "président des riches" que lui colle la gauche et brocardant les "jalousies" françaises envers les plus fortunés, ces "premiers de cordée".

Il a critiqué en particulier la politique fiscale de François Hollande, dont la taxe à 75% pour les plus riches, mais aussi laissé entendre que les débats sur le mariage pour tous sous son quinquennat n'avaient pas été "apaisés". Il a enfin dénoncé la "présidence bavarde" de l'ancien chef de l'Etat.

"Il n'y a pas de problème personnel" entre eux

Fidèle à sa réputation d'amateur de "petites phrases", François Hollande n'a d'ailleurs pas attendu longtemps avant de répliquer. 

"Si dans un pays l'idée s'installe qu'il y a une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes ou les classes moyennes, alors c'est la capacité qu'il a à se mobiliser pour son avenir qui se trouve mise en cause", a-t-il lancé, depuis Séoul, où il donne une conférence. 

"Il n'y a pas de problème personnel entre François Hollande et Emmanuel Macron", a tenté de temporiser le député socialiste Boris Vallaud, interrogé ce mardi sur BFMTV. "On a un ancien président qui s'exprime pour critiquer son pays depuis l'étranger" a regretté pour sa part Aurore Bergé, porte-parole du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale, appelant François Hollande à être "modeste". 

Pas d'invitation personnelle à l'Elysée

Les hostilités entre les deux hommes ont commencé depuis plusieurs mois déjà, les tensions entre un président et son protégé devenant celles entre un chef de l'Etat et un ancien président. Après l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, il y a d'abord eu quelques semaines de flottement, au cours desquelles un silence gêné s'est installé, favorisé par les vacances. Mais des signaux évidents de malaise ont été envoyés.

Alors que Nicolas Sarkozy a été convié à dîner à l'Elysée, que Bernadette et Claude Chirac ont été reçues au Château, François Hollande, lui, n'a pas été invité. Il ne s'est rendu sur place que dans un cadre officiel, pour célébrer l'attribution des JO de 2024 à Paris. 

Après quelques semaines à distance des médias, l'ancien président a repris ses bonnes habitudes. Sa première sortie clairement hostile envers Emmanuel Macron date du mois d'août, lorsqu'en marge d'un déplacement à Angoulême, il l'a exhorté à ne pas demander aux Français "des sacrifices qui ne sont pas utiles". Une référence aux ordonnances à venir sur la réforme du code du travail.

Macron fustige la "chronique météorologique"

Réponse immédiate d'Emmanuel Macron, entré dans le jeu à son tour: 

"J'entends la chronique météorologique pour savoir si ça va mieux en France... La réalité est que la France est la seule économie qui n'a pas gagné la guerre face au chômage de masse!", a-t-il riposté, en déplacement en Autriche. 

Même ton dans son grand entretien donné ensuite au magazine Le Point: "Il serait étrange que l'impossibilité qui a été la sienne de défendre son bilan devant les Français puisse motiver une tentation, durant les années qui viennent, de le justifier devant les journalistes", a-t-il déclaré, alors que François Hollande a défendu à plusieurs reprises son propre bilan.
Charlie Vandekerkhove