Qui était Missak Manouchian, cette figure de la Résistance qui va entrer au Panthéon?

Une fresque représentant Missak Manouchian réalisée par le street artist et peintre français, Christian Guemy, le 3 juillet 2020 - Joël SAGET
Le président Emmanuel Macron va faire entrer au Panthéon Missak Manouchian, figure de la Résistance d'origine arménienne, annonce ce dimanche l'Élysée à l'occasion du 83e anniversaire de l'Appel du 18 Juin que le chef de l'État commémorera comme tous les ans au Mont-Valérien.
La présidence salue dans un communiqué cette figure de la Résistance d'origine arménienne à la "bravoure" et à "l'héroïsme tranquille", rendant aussi hommage à travers lui à tous ses compagnons d'armes étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d'Europe centrale. "Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous", souligne l'Élysée.
"Missak Manouchian porte une part de notre grandeur", il "incarne les valeurs universelles" de liberté, égalité, fraternité au nom desquelles il a "défendu la République", salue encore l'Élysée.
À la tête d'un groupe de résistants étrangers
Rescapé du génocide arménien, apatride, réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoint en 1943 la résistance communiste et devient le chef militaire d'un groupe de résistants étrangers - des Francs-tireurs et partisans - Main-d'oeuvre immigrée (FTP-MOI) - en région parisienne. Il est finalement arrêté et fusillé au Mont-Valérien par les Allemands le 21 févrer 1944 à l'âge de 37 ans.
Il devient le premier résistant étranger et communiste à entrer dans le temple des grandes figures de la République, au côté de Voltaire, Victor Hugo ou Marie Curie.
Célébré par Aragon et Léo Ferré, Missak Manouchian est aussi entré dans la mémoire collective avec "l'Affiche rouge", placardée dans tout Paris par la propagande nazie durant son procès pour désigner son groupe à la vindicte. "L'Affiche rouge" est aussi le titre d'un film sorti en 1976 qui immortalisa l'histoire du groupe Manouchian à l'écran.

Un héros en Arménie
Missak Manouchian est également un héros national en Arménie, tout comme le chanteur Charles Aznavour, qu'il connut d'ailleurs enfant car il fut hébergé par ses parents à Paris.
La panthéonisation de Missak Manouchian était ardemment souhaitée par la gauche française, notamment le parti communiste. "Pour nous, l'essentiel c'est que ce soit un étranger mort pour la France qui entre au Panthéon", souligne le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, dont le grand-père, Albert, fut le chef de Missak Manouchian dans la Résistance.
"Ça dit beaucoup de ce qu'est la Nation française", c'est un "message fort d'intégration pour les jeunes d'aujourd'hui", a-t-il déclaré à l'AFP.
Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà fait accueillir trois grandes figures dans ce temple républicain: Simone Veil, Maurice Genevoix et la chanteuse franco-américaine Joséphine Baker, première personne noire et première artiste à rejoindre le Panthéon.