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"On espère qu'il a entendu la colère": Emmanuel Macron peut-il renouer avec les Français lors de son allocution?

Le président français Emmanuel Macron à l'Elysee à Paris le 14 avril 2023

Le président français Emmanuel Macron à l'Elysee à Paris le 14 avril 2023 - Lewis Joly © 2019 AFP

Après la promulgation de la réforme des retraites, le chef de l'Etat s'adressera aux Français lundi soir. Pour Véronique Reille-Saoult, spécialiste de l'opinion, Emmanuel Macron a tout intérêt à expliquer aux Français qu'il est "conscient de la réalité" et à "proposer quelque chose".

"Faire le bilan" et "regarder ce qui a avancé à côté". Le ton de l'allocution d'Emmanuel Macron organisée lundi soir est donné par l'Elysée: fermer le chapitre de la réforme des retraites après trois mois de contestation et avancer.

Même son de cloche du côté de la Première ministre Elisabeth Borne qui a affirmé samedi que le gouvernement est "dans les semaines et mois" à venir "prêt à accélérer" les réformes.

"On espère qu'il va nous annoncer qu'il a entendu la colère"

Mais refusant d'entrer dans l'"agenda" d'après-crise de l'exécutif, tous les syndicats ont fait part de leur "détermination" à poursuivre le combat contre le recul de l'âge légal à 64 ans. En commençant par dénoncer la promulgation de la loi et décliner une invitation mardi à l'Élysée.

"Il reste le deuxième référendum d’initiative partagée. Sur les décrets, la mise en œuvre concrète des mesures, on ne va pas lâcher le gouvernement", a déclaré le patron de la CFDT Laurent Berger dans les colonnes du Parisien alors que le Conseil constitutionnel a rejeté vendredi la première demande de référendum d’initiative partagée.

Certains espèrent aussi que le président reviendra sur sa réforme lors de son allocution présidentielle.

"On espère que demain le président va nous annoncer qu'il a enfin entendu la colère populaire et qu'il va mettre cette réforme de coté" a déclaré Cyril Chabanier, président de la CFTC, sur BFMTV.

"Reconnaîtres les gens"

Pour Véronique Reille-Saoult, spécialiste de l'opinion et présidente de Blackbone Consulting, le président a d'abord tout intérêt à expliquer lors de son allocution qu'il est "conscient de la réalité".

"La première des choses c'est de reconnaître les gens, quand vous êtes en colère vous avez besoin d'être reconnu, ça veut pas forcément dire qu'il a besoin d'être d'accord avec les gens, mais au moins reconnaître, nommer, dire qu'il a vu et qu'il est conscient de la réalité de ce qui se passe" a-t-elle expliqué sur BFMTV.

Et "proposer quelque chose de compréhensible"

Ensuite, la spécialiste préconise au chef de l'Etat d'évoquer l'avenir avec "sincérité". "Il peut dire 'la séquence elle est passée', sans utiliser ce terme d'ailleurs, mais en disant qu'il faut avancer et dans le fait d'avancer dire 'j'ai compris que vous avez envie d'être plus consultés' et proposer quelque chose de compréhensible".

En effet, depuis la décision du Conseil constitutionnel, le cabinet de consulting a comptabilisé plus de 700.000 messages sur les réseaux sociaux en rapport avec cette décision, et 600.000 sur les grèves.

Et l'analyse de ces messages révèle que "les gens ont envie qu'on leur propose quelque chose sur l'avenir (...) peut-être un moyen de discuter, souvent c'est le mot referendum qui revient, mais ça n'est pas forcément ça", a abondé la spécialiste.

"Il va falloir beaucoup pour que ce discours change quelque chose"

Mais la réforme des retraites n'est plus le seul sujet qui cristallise l'opinion. L'emploi des seniors, l'inflation, ou encore l'éducation inquiètent les Français interrogés par BFMTV ce dimanche matin.

"Au début c'était une crispation sur le sujet retraites, aujourd'hui c'est autre chose" confirme Véronique Reille-Saoult.

"Il y a toujours une grande partie de l'opinion qui est contre la réforme des retraites mais les choses ont évolué, les gens ont envie de participer autrement et (...) ce que les gens retiennent de la séquence c'est de s'être fait avoir, comme si les promesses qu'on leur avait faites n'avaient pas été tenues".

Résulat, "il va falloir faire beaucoup de choses pour que ce discours puisse changer quelque chose", lâche la spécialiste.

Emilie Roussey