"Il faut donner aux Français des occasions de prendre la parole": l'idée d'un référendum mûrit à l'Élysée

Emmanuel Macron à l'Élysée à Paris, le 20 juin 2024. - ANDRÉ PAIN / POOL / AFP
Les Français bientôt consultés par voie référendaire? Alors qu'Emmanuel Macron a fait savoir lors de ses vœux pour 2025 qu'il demandera au peuple français de "trancher" sur des "sujets déterminants", son entourage assure à BFMTV que la réflexion se poursuit à l'Élysée.
"Les Français ont l'impression qu'ils votent tous les cinq ans... Au milieu il faut des soupapes", analyse un proche du président auprès de BFMTV. "Il faut leur donner des occasions de prendre la parole. La dissolution en était une, il en faut d'autres."
Lors de ces mêmes vœux, Emmanuel Macron a reconnu que la dissolution de l'Assemblée nationale au lendemain des élections européennes "a apporté pour le moment davantage de divisions à l'Assemblée que de solutions pour les Français".
"Si j'ai décidé de dissoudre, c'était pour vous redonner la parole, pour retrouver de la clarté et éviter l'immobilisme qui menaçait mais la lucidité et l'humilité commandent de reconnaître qu'à cette heure, cette décision a produit plus d'instabilité que de sérénité et j'en prends toute ma part", a ajouté le président de la République.
Des sujets "où l'expression populaire peut être pertinente"
Évoqué à plusieurs reprises depuis le début de son premier mandat, le référendum n'a encore jamais été utilisé par le chef de l'État à l'échelle nationale, et le dernier en date -portant sur le projet de Constitution européenne - remonte à 2005. Mais le contexte politique inédit depuis la dissolution pourrait l'inciter à avancer.
"Il y a plein de sujets sur lesquels le Parlement ne peut pas dégager de majorité claire et où l’expression populaire peut être pertinente", juge-t-on autour du chef de l'État.
Dans l'entourage d'un ministre important, une consultation citoyenne ou un référendum sont perçus comme des moyens de contourner une Assemblée nationale qui reste bloquée: "à partir du moment où c’est tranché par le peuple, il sera difficile pour les oppositions de contourner la décision". Selon cette même source, ce constat pourrait amener Emmanuel Macron à être audacieux dans le choix des questions soumises aux Français.
Un risque pour un président de plus en plus impopulaire
Une règle d'or pour limiter les déficits budgétaires? Une incitation à plus de flexibilité sur le temps de travail? À droite et au Rassemblement national, l'idée d'un référendum sur l'immigration a toujours de larges soutiens. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau l'a souvent défendue mais cette idée pose question sur sa constitutionnalité.
L'article 11 de la Constitution prévoit que le président de la République peut notamment soumettre au référendum "tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale".
Selon son entourage, le chef de l'État n'a pas encore arrêté son choix: "les sujets ne sont pas tranchés mais ils peuvent être sociaux, économiques ou concerner l’organisation des pouvoirs publics".
"Référendum ou convention citoyenne... Il a déjà des idées de là où il veut aller", croit savoir l'un de ses proches.
"Séparer la question de celui qui la pose"
Offrir la possibilité aux Français de se prononcer à nouveau constitue cependant un risque majeur pour Emmanuel Macron dont la popularité - déjà faible - continue de chuter.
"Quelque soit le sujet, ces référendums vont se transformer en 'pour ou contre Macron'", assure un cadre Horizons à BFMTV.
"Il faut réussir à séparer la question de celui qui la pose", reconnaît le proche du chef de l'État déjà évoqué plus haut dans cet article. Un autre soutien du président défend en effet cette stratégie: "l'esprit de la Constitution en 1958, ce n’est pas le plébiscite, c’est de pouvoir parfois dépasser les difficultés inhérentes à la représentation".
À ce stade, aucune décision n'a encore été prise quant au moment où ce référendum doit intervenir. "2025 est une année a priori sans élection, ça laisse de la latitude", assure-t-on dans l'entourage du président de la République, une façon de souligner qu'Emmanuel Macron n'envisage pas pour le moment de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale.