François Hollande: "La mort habite la fonction présidentielle"

François Hollande s'est exprimé dans une longue interview, accordée au nouveau magazine "Society". - Jacques Demarthon - AFP
Il se dit "ni insensible aux bassesses, ni indifférent aux outrances". François Hollande se confie au "quinzomadaire" Society, dont la deuxième parution sort dans les kiosques ce vendredi. Si le président de la République ne fait aucune annonce choc dans cette longue interview, il s’exprime en détails sur sa vision de la présidence, "une fonction qui change forcément celui qui l’exerce", sur le Front national, ou encore sur l’avenir, 2017 notamment. Morceaux choisis.
"Il n'y a qu'un seul Président en France, même si beaucoup veulent le devenir"
Près de trois ans après son élection à la tête de l'Etat, François Hollande met de côté le "président normal" qu'il avait tant mis en avant lors de sa campagne de 2012. Un slogan, qui "ne peut pas être la marque d'une présidence", selon ses propres dires. Et pour cause: "tout, dans la fonction présidentielle, est unique", affirme le chef de l'Etat. "Il n'y a qu'un seul président en France, même si beaucoup veulent le devenir", ajoute-t-il même, non sans l'humour qui le caractérise.
Si l'actuel locataire de l'Elysée précise qu'il a forcément changé depuis son arrivée aux plus hautes fonctions de l'Etat, sa personnalité, elle, serait restée la même. "Ce que j’ai été comme élu national et local pendant des années, comme candidat ensuite, demeure toujours présent."
Quant aux moqueries à son égard, il se dit "ni insensible aux bassesses, ni indifférent aux outrances" mais affirme ne rien montrer "car le chef de l'État doit mettre ses sentiments personnels de côté".
Mais sur l'exercice de sa fonction, il confesse: "Voilà ce qui vous change, la mort habite la fonction présidentielle". "Le président est le chef de la famille française. Il doit partager les douleurs" mais aussi "maîtriser ses émotions au nom de la raison d'État", poursuit-il.
2017: pas de candidature sans résultats
François Hollande a maintenu sa ligne sur une éventuelle candidature à sa succession en 2017: "Si je n’arrive pas au bout de de cinq ans à prouver que le pays a avancé et que le chômage a reculé, comment convaincre de demander une rallonge?"
"Il n’y a pas d’indulgence ou d’assurance dans ma conception de la politique. Il faut des résultats", affirme le président de la République qui croit qu'une "reprise (économique) s'annonce".
Le FN et la "stratégie de la banalisation"
A la veille des élections départementales, où le FN est crédité de près de 30% des voix, le chef de l'Etat souligne: "l'extrême droite est une zone d'ombre au niveau international, qui nous ramène à une réalité interne difficile". Reconnaissant qu'elle "a continué à progresser depuis 2012", François Hollande pointe "une radicalisation de la droite autour de l'identité nationale ainsi qu'une déception à l'égard des alternances successives".
D'où, selon lui, "ce vote par colère ou adhésion" et "une forme de banalisation, voulue par le FN lui-même, qui en a fait une stratégie".
Comme on lui demande si la gauche a abandonné la classe ouvrière au parti de Marine Le Pen, François Hollande relève qu'elle est effectivement "la catégorie qui a le plus souffert des mutations économiques et des suppressions d'emplois. (...) Il est donc commode pour les populistes de laisser croire que c'est à cause des étrangers, de la mondialisation et de l'Europe que les difficultés sont venues et que la France pourrait se murer, se barricader ou se replier pour échapper aux grands vents de l'Histoire".