François Hollande appelle au "rassemblement fraternel" au côté de Xavier Bertrand

En 1915, après des mois de guerre atroce et un nombre de pertes considérables, une trêve a eu lieu et des soldats français et allemand ont fraternisé au milieu du champ de bataille. François Hollande a inauguré avec Xavier Bertrand un monument commémorant ces fraternisations. Un déplacement politique très symbolique aux côté du nouveau président Les Républicains de la Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui a remporté son duel face à Marine Le Pen et qui tend la main aux électeurs de gauche.
"Il nous appartient a tous de nous hisser au-delà de nous-même c'est ainsi que nous pourrons être fidèle a l'acte de ceux qui ont fraternisé il y a 100 ans, a lancé le Président. Si nous devons en tirer une leçon c'est que lorsque l'essentiel est en jeu, que ce soit pour le monde, pour l'Europe, pour la France, il n'y a qu'une seule réponse: l'humanité et le rassemblement fraternel. Et je vous l'assure ce rassemblement-là sera toujours victorieux".
"La France est partagée entre des sensibilités différentes, elles sont nécessaires et indispensables à la démocratie dès lors qu'elles sont respectueuses des valeurs de la République", a constaté François Hollande lors de ce premier et hautement symbolique déplacement depuis les régionales..
Se plaçant au-dessus des clivages partisans et défendant plus que jamais l’unité nationale, il a insisté dans son allocution sur la "fraternité", la "concorde" et "l’esprit de résistance".
Il a également salué le vainqueur des régionales. Il a évoqué "une responsabilité commune pour répondre (...) aux défis, aux alertes qui nous sont aujourd'hui lancées", a-t-il affirmé. Une référence à la fois à la percée du Front national, lors des élections des 6 et 13 décembre et aux attentats du 13 novembre.
Faire primer l'intérêt général
Un élan auquel adhère Xavier Bertrand qui semble avoir rangé les armes et être plus pacifique avec la gauche depuis son élection. "Ce ne serait pas du luxe de sortir du climat de guerre civile entre politiques", a-t-il estimé sur BFMTV.
Il estime qu'entre "devenir tous les mêmes et continuer à être agressifs, il y a un juste milieu qui s'appelle l'intérêt général".
Plusieurs scène de fraternisations lors de la Grande guerre
A Noël 1914, au bout d'à peine cinq mois de guerre, l'étendue des pertes humaines était sans précédent dans l'Histoire. Sur le seul front occidental, Français, Belges et Britanniques avaient déjà perdu plus d'un million d'hommes tandis que les Allemands comptaient quelque 750.000 victimes.
Les soldats qui avaient pensé être de retour chez eux, guerre terminée, à cette date, étaient alors épuisés, et choqués par l'étendue des pertes. L'ambiance était morose dans les tranchées et les cantonnements de l'arrière.
Et puis, au petit matin du 25 décembre, les Britanniques qui tiennent toujours les tranchées autour d'Ypres, en Belgique, entendent des chants de Noël provenant des positions ennemies. Lentement, des groupes de soldats allemands vont sortir de leurs abris jusqu'au milieu du no man's land -l'expression date de cette époque- pour inviter les Britanniques à venir les rejoindre. Là, au milieu d'un paysage dévasté par les obus, ils vont discuter, échanger des cadeaux, jouer au football.
Ces fraternisations qui consternèrent les états-majors furent réprimées avec modération, par des rétrogradations ou des corvées, mais les officiers des deux camps eurent pour instruction d'empêcher qu'elles se reproduisent.
Toutefois à l'hiver 1915, des nouvelles scènes de fraternisation ont à nouveau lieu, comme à Neuville-Saint-Vaast. Dans son journal des tranchées, le caporal français Louis Barthas (1879-1952), militant socialiste originaire de l'Aude, rêvait d'un ouvrage en hommage à ces scènes.
"Peut-être un jour sur ce coin de l'Artois on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient l'horreur de la guerre", écrivait-il. C'est désormais chose faite.