Sourires carnassiers, menton levé... ce que les gestes de Le Pen et Macron ont trahi

C'est un débat d'entre-deux-tours dont la violence inouïe a été largement critiquée. Mercredi soir, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affrontaient dans un face-à-face aux airs de pugilat.Il y a bien-sûr eu les piques et les mots acerbes échangés par les candidats. Mais il y a surtout eu les gestes.
> 1. Des sourires carnassiers
Tout d'abord, il y avait ces sourires que la sémiologue comportementaliste Elodie Mielczarek qualifie de "carnassiers", arborés par les deux adversaires tout le long du débat.
Des sourires qui traduisent, "la violence symbolique qui était à l'épreuve lors de ce débat".
"Plus il y avait de tension, plus il y avait ces sourires", explique l'auteure de Déjouez les manipulateurs à BFMTV.

> 2. Des gestes qui correspondent à leur personnalité
Au-delà du discours, il y a ce que le corps et la gestuelle des candidats disent d'eux. "Leur comportement physique correspond à leur personnalité", explique Elodie Mielczareck.
"Marine Le Pen est une dominante qui a tendance à occuper énormément l’espace à faire des gestes hauts. Elle parle fort avec le verbe haut menton levé, ce qui est un signe de dominance. En revanche lorsqu'elle parlait de sujets d’anxiété, sa parole s'accompagnait d'une gestuelle de protection", précise-t-elle.

Emmanuel Macron, lui, a un fonctionnement plus "analytique" qui s'accompagne d'une "gestuelle de précision".
Le candidat d'En Marche! possède également une "façade plus relationnelle" et encline "à l'écoute", qu'il laisse entrevoir lorsqu'il pose son menton sur ses mains par exemple. Ce geste est néanmoins à double-tranchant, selon la synergologue, puisqu'il peut également renvoyer à une certaine "arrogance".

> 3. Des attaques ad hominem
Comble de la tension de ce débat, les piques et les mots acerbes échangés par les candidats. Dans la bouche d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen a revêtu le costume de "grande prêtresse de la peur" quand l'ancien ministre de l'Économie est devenu le "candidat du pouvoir d'acheter", selon sa rivale.
Ces surnoms peu flatteurs et cette façon que les deux adversaires ont eu de s'écharper font partie d'une stratégie d'attaques ad hominem, selon l'auteure de Déjouez les manipulateurs aux éditions Nouveau Monde.
Il s'agit-là d'invectives qui découlent du statut, des actions ou encore des déclarations tenues par la personne. D'après la sémiologue, "chacun a passé son temps à commenter le discours de l'autre" pour le retourner contre son locuteur.
Ainsi, Marine Le Pen a souvent eu tendance à souligner "l'arrogance" de celui qu'elle a présenté comme un "candidat par défaut", tandis que ce dernier a souvent pointé les "bêtises", "mensonges" et le manque de "sérieux" du projet défendu par sa rivale.
Des éléments de langage qui "remplissent le fond sonore mais n'apportent rien en terme de contenu". Une "vacuité" qui fait dire à Elodie Mielczareck qu'l faut "repenser le débat politique" pour éviter sa "trumpisation".