Présidentielle: Le Pen fait campagne en terrain favorable, Macron veut "convaincre"

Une photo prise à Denain, le 11 avril 2022, montre des affiches de campagne des candidats à la présidence française, le président sortant Emmanuel Macron et la candidate du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Des lieux différents pour imprimer leur marque. Alors que la campagne de l'entre-deux-tours s'est ouverte dimanche soir après l'annonce des premières estimations du premier tour de l'élection présidentielle, les deux finalistes de 2017 et 2022 ont pour l'heure opté pour des choix stratégiques opposés.
Lundi, le président-candidat Emmanuel Macron et la députée du Pas-de-Calais Marine Le Pen ont tous deux effectué leur premier déplacement post-qualification, en miroir. Si les deux finalistes ont tous deux appelé dimanche soir au rassemblement derrière leur candidature, la méthode pour tenter d'y parvenir n'est pas la même.
"Convaincre" les électeurs RN et abstentionnistes
Emmanuel Macron s'est rendu à Denain, dans le Nord, sur des terres proches de celles d'élection de Marine Le Pen. Un fief dans lequel, à rebours de son résultat national (en tête avec 27,84% des voix, contre 23,15% pour Marine Le Pen) il n'a obtenu que 17,7% des voix, se classant troisième derrière sa rivale Marine Le Pen, largement en tête avec 41,7% des suffrages, et Jean-Luc Mélenchon (28,6%). Il est ensuite allé à Lens et Liévin (Pas-de-Calais), communes où il est là aussi arrivé en troisième position, respectivement avec 20,8% et 18,4% des voix.
"Je veux convaincre nos compatriotes qui ont voté pour le Front national ou se sont abstenus de venir me rejoindre", a affirmé Emmanuel Macron lundi pour justifier sa venue dans ces territoires ouvriers, anciennement communistes et désormais largement passés dans l'escarcelle du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.
Une entreprise pour convaincre, qui pourrait passer par le fait de "compléter" son projet, "sur des sujets comme l'écologie, le travail", a précisé le président-candidat.
Bains de foule, et interviews accordées, notamment à BFMTV, le président sortant a été interpellé par une femme: "J'ai voté pour vous mais je le regrette, vous n'aimez pas beaucoup les retraités", lui a-t-elle lancé.
"Je me battrai de toutes mes forces et j'irai convaincre", a aussi dit l'ancien ministre de l'Économie à La Voix du Nord, fustigeant Marine Le Pen en la qualifiant de "démagogue qui dit aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre au moment où ils veulent l'entendre", et qui est "dépendante de la Russie".
Marine Le Pen joue la "proximité"
Dans sa stratégie de campagne, qu'elle revendique de "proximité" depuis ses prémisses, Marine Le Pen aurait pu aussi se rendre dans les Hauts-de-France, tant depuis plusieurs mois elle privilégie les territoires qui lui sont favorables. Mais lundi, c'est dans l'Yonne qu'elle s'est rendue, un département où elle est arrivée en tête dimanche avec 31,25% des voix.
Le déplacement, qui ne figurait pas à son agenda, a été improvisé après une réunion de la direction du parti à son QG parisien, à laquelle la presse était conviée au début.
En parallèle d'Emmanuel Macron dans les Hauts-de-France, la candidate s'est donc finalement rendue dans une ferme céréalière de Soucy, où elle en a profité pour lancer des piques à son adversaire, en allusion à sa présence à Denain, l'une des villes les plus pauvres de France, déclarant espérer qu'il prendra "conscience" des "conséquences de sa politique" qui "a fait énormément de mal".
Dans la même veine que la première partie de sa campagne, Marine Le Pen a martelé lundi des propositions sur le pouvoir d'achat, appelant à prendre "des mesures d'urgence" contre l'inflation qui va s'aggraver et rappelant sa proposition de baisser la TVA de 20 à 5,5% sur les produits de l'énergie.
En multipliant ces déplacements, s'offrant bains de foule et selfies avec des badauds, Marine Le Pen a mis l'accent sur son image, s'employant à la lisser pour parachever l'entreprise de dédiabolisation du Rassemblement national.
"Elle a policé son image personnelle, moins tranchante, fait campagne auprès de petites gens, dans des petites villes", observait la semaine passée le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus auprès de BFMTV.com.
Macron choisit Marseille en meeting, Le Pen Avignon
Ce mardi, c'est en Alsace qu'Emmanuel Macron se rend pour la journée. À Mulhouse, il a rencontré des soignants dans la matinée. Plusieurs d'entre eux, lors d'un bain de foule, l'ont interpellé sur les salaires et les moyens à l'hôpital.
"On a augmenté les salaires, entre 183 et 400 euros par mois", a notamment argué le chef de l'État pour faire valoir son bilan. Il se rendra ensuite à Châtenois pour évoquer les questions de sécurité de proximité, selon L'Alsace, avant de terminer son déplacement dans le Grand-Est à Strasbourg pour une réunion publique.
Marine Le Pen de son côté est allée en début d'après-midi dans l'Eure, à Vernon, pour donner une conférence de presse sur le thème de la "démocratie", avant une interview au 20 heures de TF1 dans la soirée.
Les deux candidats donneront chacun un meeting d'ici la fin de semaine. Emmanuel Macron sera à Marseille, ville qu'il affectionne mais qui a placé Jean-Luc Mélenchon en tête dimanche avec 31,12%, contre 22,62% pour le sortant.
Avant, Marine Le Pen donnera elle un meeting à Avignon jeudi, dans le Vaucluse. Un département où le RN et l'ex-FN enregistraient traditionnellement de bons résultats électoraux. Une fois n'est pas coutume, la candidate se déplace toutefois dans une ville où elle s'est classée dimanche en troisième position (18,9%), derrière Jean-Luc Mélenchon (36,9%) et Emmanuel Macron (20,4%).