BFMTV
Présidentielle

Pourquoi Jadot stagne dans les sondages malgré l'adhésion des Français aux thèmes écologistes

Le candidat du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) à l'élection présidentielle Yannick Jadot s'exprime lors d'une conférence de presse sur la présidence française de l'Union européenne à Paris, le 8 décembre 2021

Le candidat du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) à l'élection présidentielle Yannick Jadot s'exprime lors d'une conférence de presse sur la présidence française de l'Union européenne à Paris, le 8 décembre 2021 - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP

Si les thématiques portées par les écologistes infusent de plus en plus dans la société française, la candidature de Yannick Jadot à la présidentielle ne décolle toujours pas.

Un paradoxe nommé Jadot. Alors que les propositions du candidat écologiste sont plébiscitées par les Français, sa campagne peine à démarrer. Le député européen peut-il parvenir à bénéficier des fortes attentes en matière de défense de l'environnement? Éléments de réponse.

Le sondage Ipsos-Sopra Steria pour Le Parisien devrait donner le sourire à Europe-Écologie-Les-Verts.

Les idées écologistes plébiscitées

77% des Français se disent ainsi favorables à l'interdiction de l'élevage des animaux en cage, montrant l'importance accordée aux questions du bien-être animal. Ce chiffre a valeur de bonne nouvelle alors que l'interdiction du fois gras dans les buffets de fin d'année de la mairie EELV de Strasbourg a créé une mini-polémique.

L'interdiction de la chasse les week-ends et les vacances, l'une des propositions-phares de Yannick Jadot pour répondre à la hausse des accidents, est également souhaitable pour 61% des personnes interrogées.

Face à la flambée mondiale des prix de l'énergie, le déploiement d'un plan d'investissement public de 50 milliards d'euros pour accélerer la rénovation des bâtiments et favoriser les mobilités douces recueille également 69% d'opinions positives.

Cette progression des thématiques écologistes a d'ailleurs fait dire à Yannick Jadot en meeting à Laon (Aisne) samedi dernier que l'écologie, "ce (n'était) pas de prendre une douche froide dans le noir une fois par semaine".

Des sondages qui ne frémissent pas

Malgré ce fort assentissement au programme écologiste, l'eurodéputé stagne dans les sondages. Gagnant de la primaire écologiste en septembre, lui permettant de connaître un bref rebond dans les sondages, l'élu est désormais à la peine. Il récolte 7,8% des intentions de vote d'après L'Elyséemètre, l'agrégateur de sondages de BFMTV.com.

"Son problème, c'est qu'il n'est pas perçu comme celui qui apporte les solutions adéquates, même au plan environnemental. Ce décalage est encore plus fragrant depuis l'irruption dans la campagne de la question du nucléaire, liée à celle du pouvoir d'achat", analyse Bruno Cautrès, chercheur du CNRS au Cevipof dans les colonnes du Parisien.

Aller sur le terrain du régalien

La sortie du nucléaire d'ici à vingt ans, l'une des propositions-phares d'EELV, n'est d'ailleurs plébiscitée que par 30% des Français d'après le sondage Ipsos-Sopra Steria.

Autre problème: la difficulté à incarner les sujets régaliens alors que les thématiques autour de l'immigration et de la sécurité ont dominé ce début de campagne présidentielle.

"Yannick Jadot a du mal à incarner une figure du chef d'Etat. Sa campagne est fondée sur la proximité alors que les Français demandent surtout à un président de la République une stature de chef. Yannick Jadot n'a pas réussi à présidentialiser sa campagne", décrypte encore l'expert.

Du côté des écologistes, on reconnaît des difficultés à imprimer dans l'opinion.

"Je dois encore lever des doutes sur la capacité des écologistes à gouverner la France. Ce que je dois réussir à raconter, et ça peut paraître un peu plus complexe que de commenter Eric Zemmour et sa nostalgie de la France de Pétain, c’est que nous pouvons redonner au pays une perspective de reconstruction économique et sociale à travers la question climatique", assume ainsi Yannick Jadot dans les colonnes du Monde.

Un début de campagne au diesel

Au-delà d'un agenda médiatique jugé peu favorable, d'autres pointent également la faiblesse du dispositif de campagne. "On manque de gens costauds, capables d’organiser une campagne présidentielle. Pourtant, cette fois, on a nos chances", explique ainsi une élue proche de Sandrine Rousseau dans Le Point.

Dans l'entourage de Yannick Jadot, on ne nie pas les ratés du début de campagne. "La mise en place est lente, et frustrante. C’est, pardonnez-moi l’expression pour un écolo, un démarrage diesel!", reconnaît encore un grand élu parisien dans l'hebdomadaire.

On assure aussi ne pas se focaliser sur les sondages. "La campagne, c'est un marathon. Et le sprint final, c'est en mars ou en avril. On est dans une sérénité de force tranquille en suivant le chemin fixé", tente encore de se rassurer sa porte-parole, Delphine Batho auprès du Parisien.

Lors de son meeting à Laon ce samedi, Yannick Jadot n'a d'ailleurs cessé de le répéter à la tribune. "Tout est encore possible", a assuré le candidat.

Marie-Pierre Bourgeois