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Présidentielle: à Laon, Yannick Jadot érige l'écologie en seule "alternative heureuse" aux "paniques identitaires"

Le candidat a brossé le tableau d'ensemble de son projet et appelé aur rassemblement.

Pour son premier meeting tenu dans l'Aisne, Yannick Jadot souhaitait "rassembler" sur "l'alternative heureuse de l'écologie." Ce samedi, le candidat EELV à la présidentielle a proposé un discours sobre et de petit calibre, dans une campagne qui peine à décoller et à faire taire les appels à l'union.

Le candidat, coincé entre 6 et 8% des intentions de vote, avait prévenu qu'il ne visait pas la démonstration de force, après les meetings d'Eric Zemmour et de Jean-Luc Mélenchon le weekend dernier.

Et en effet, seuls quelques centaines de militants, parmi lesquels la finaliste de la primaire de septembre Sandrine Rousseau et la chef des porte-parole Delphine Batho, se sont réunis dans un gymnase de Laon, à quelques kilomètres du village natal de M. Jadot, la plupart masqués.

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Le "Forum des possibles" a débuté par une longue séquence musicale où les militants, assis sur des boîtes en carton disposées en cercle autour de la petite scène, ont écouté dans un silence de cathédrale la Symphonie du nouveau monde de Dvorak. Ont suivi le témoignage au micro d'une enseignante, d'une aide à domicile et d'un agriculteur.

Puis Yannick Jadot est monté sur la tribune pour raconter sa terre picarde et sa vocation d'écologiste: "C'est là que mes parents m'ont transmis l'amour des arbres et des oiseaux, le plaisir de voir passer une biche".

Le candidat a brossé le tableau d'ensemble de son projet, d'un investissement massif pour les énergies renouvelables à l'embauche de 100.000 infirmiers en passant par la levée des brevets sur les vaccins et l'augmentation des bas salaires.

Il a aussi consacré une large part de son discours à ériger l'écologie en seul barrage possible, en seule "alternative heureuse" qui fait "prévaloir la vie et la jeunesse" contre l'extrême droite et la droite, données pour l'instant par les sondages seules à pouvoir rivaliser avec Emmanuel Macron.

Pour lui, seul le défi climatique peut unir: "La planète brûle avec les méga-feux, coule avec les inondations, ce dérèglement climatique est sans aucun doute le plus grand défi de notre siècle, défi universel parce qu'on touche à notre destin d'humain, de terrestre".

"Aspirations" à l'union

Sur ce thème de l'union, Yannick Jadot a continué à justifier son refus jeudi à la proposition d'une primaire à gauche faite par sa concurrente socialiste Anne Hidalgo, qui a fait le constat de l'émiettement de la gauche en cinq principales candidatures.

"Je partage les aspirations de beaucoup d'électeurs de gauche, qui ne veulent pas se trouver dans la situation de devoir choisir entre la droite et l'extrême droite, c'est donc autour des idées qu'il faut se retrouver", a déclaré l'écologiste.

Il a promis qu'il "proposera(ait) dans les prochaines semaines aux forces vives, sociales, politiques du pays pour partager notre projet et notre campagne". "Je suis convaincu que nous trouverons un moyen. (...) J'appelle tous les écologistes et les humanistes à nous rejoindre".

La pression pour l'union a aussi été alimentée par Arnaud Montebourg, qui a tenté d'appeler chaque candidat vendredi. Et au sein même des Verts, la figure respectée Noël Mamère a estimé que Yannick Jadot "aurait tout intérêt" à participer à la "primaire populaire" organisée par un mouvement citoyen.

"La primaire oui, d'ailleurs on l'a faite", a recadré samedi à Laon Julien Bayou, secrétaire national d'EELV, en référence à la primaire écologiste de septembre.

Les sondages moroses? "Tout le monde peine à décoller, le premier qui stagne c'est le président", relativise François Lamy, présent à Laon, et qui a quitté le Parti socialiste pour devenir conseiller politique de Yannick Jadot.

Mais son équipe avait tablé sur un décollage dans les sondages cet automne, qui n'est jamais arrivé, raconte en privé un interlocuteur régulier: "Ils m'ont dit qu'ils pensaient être à 11% en octobre, et à 13% à Noël... Ils sont à 6 ou 7. Honnêtement, sa campagne est décevante".

Pour le membre de l'aile gauche d'EELV Alain Coulombel aussi, la campagne est "poussive": "Yannick fait de bonnes interventions médiatiques mais ça ne suffit pas, il faut aussi pouvoir mobiliser les militants."

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV