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Présidentielle

Lors d'un meeting marathon, Emmanuel Macron met en garde ceux pour qui "l'élection est déjà jouée"

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Le président-candidat a donné son unique meeting de campagne ce samedi après-midi. Il a parlé pendant plus de deux heures devant quelque 30.000 personnes.

Avec un unique meeting avant le premier tour, il s'agissait de ne pas commettre de bévue. À huit jours du premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a réuni ses partisans ce samedi après-midi à Nanterre (Hauts-de-Seine), dans l'enceinte de La Défense Arena. Un rendez-vous imaginé par le président-candidat comme une démonstration de force, alors que les sondages le donnent toujours en tête, mais en baisse, avec Marine Le Pen à ses trousses qui réduit l'écart dans un hypothétique second tour. L'occasion de sonner la remobilisation, et de combattre les certitudes.

Plus de 30.000 personnes se sont déplacées jusqu'à Nanterre ce samedi, alors que la salle, réputée être l'enceinte européenne disposant de la plus large capacité d'accueil, peut en accueillir jusqu'à 40.000. 35.000 personnes avaient été annoncées en amont par l'équipe de campagne. Quelques rangées sont apparues vides, parsemées ici et là d'affiches clamant "Emmanuel Macron, avec vous".

"Cinq ans de plus", "droit au but"

Peu après 16 heures, le chef de l'État est monté sur la scène, dressée au centre du complexe et surplombée d'écrans géants suspendus au plafond pour permettre à l'ensemble des militants réunis de suivre de près le discours d'Emmanuel Macron, qui était le seul à prendre la parole au cours de son meeting.

Dans la salle, avant l'arrivée d'Emmanuel Macron, on pouvait voir s'agiter des drapeaux français et européens, une Marseillaise a été chantée et l'on pouvait aussi lire les slogans "droit au but", "envie de vous", "avec vous", "Cinq ans de plus", "Perlimpinpin" ou encore "la France avec Macron".

De nombreux cadres de la majorité et membres du gouvernement ont fait le déplacement pour soutenir l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande. Sur les images fournies par l'équipe d'Emmanuel Macron, on a notamment pu apercevoir le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, les anciens Premiers ministres Édouard Philippe, Manuel Valls, Jean-Pierre Raffarin ainsi que l'actuel occupant de Matignon Jean Castex. Plusieurs transfuges de la droite étaient également dans la salle, comme Renaud Muselier, Éric Woerth, Christian Estrosi. Brigitte Macron, à qui Emmanuel Macron à rendu un hommage appuyé au cours de son discours, était aussi au premier rang.

"Nous avons tenu nos promesses"

Avant de monter sur la scène, Emmanuel Macron a fait longuement le tour de l'estrade hexagonale, saluant les militants présents dans la salle striée de feux d'artifices, avant de commencer un discours qui a duré plus de deux heures et demi, régulièrement entrecoupé par les scansions "Et un et deux, et cinq ans de plus".

"Malgré les crises, nous avons tenu nos promesses", a défendu Emmanuel Macron, faisant longuement valoir le bilan du quinquennat écoulé en propos liminaire.

Le locataire sortant de l'Élysée a galvanisé ses supporters, s'exprimant sur la thématique du pouvoir d'achat, chère à Marine Le Pen, en promettant notamment dès cet été une prime allant "jusqu'à 6000 euros, sans charges ni impôts" pour les travailleurs.

Le président-candidat a aussi, sans jamais le nommer, égratigné Éric Zemmour et le "grand rabougrissement", une allusion à peine voilée à la théorie raciste et complotiste du "grand remplacement", popularisée par l'écrivain Renaud Camus et reprise à son compte par le candidat de Reconquête.

Ce n'est qu'à la fin du meeting qu'Emmanuel Macron a nommé l'extrême droite comme étant son principal adversaire, sans désigner personnellement Marine Le Pen ou Éric Zemmour. Alors que la candidate du Rassemblement national le talonne dans les enquêtes d'opinion, le sortant a fustigé l'extrême droite, "héritière de ceux qui ont combattu le général de Gaulle", ainsi que "le danger extrémiste", alors que la perspective d'une réédition de 2017 avec la qualification de Marine Le Pen au second tour apparaît probable.

"La haine, les vérités alternatives se sont banalisées dans le débat public", a-t-il aussi tancé. "Nous nous sommes habitués à voir défiler sur certains plateaux de télévision des auteurs antisémites, d'autres racistes", a cinglé Emmanuel Macron, appelant à ne pas "attiser les peurs".

Il a également critiqué Jean-Luc Mélenchon, le chef d'État s'en prenant à "d'autres qui se réclament de Jaurès ou de Clemenceau" et "qui cessent de défendre la laïcité et versent dans le communautarisme".

Le président sortant s'est ainsi refusé à envisager une victoire facile, loin de là. "Ne croyez pas les sondages ou les commentateurs qui seraient formels, qui vous disent que c'est impossible, impensable, que l'élection est déjà jouée, que tout va bien se passer", a-t-il averti.

Allusion à Mitterrand, Sarkozy, Hollande et à Besancenot

Emmanuel Macron a truffé son discours de multiples clins d'oeil à des slogans politiques. Il a ainsi fait valoir "le vrai pouvoir d'achat (...) par lequel quand on travaille, on gagne plus"; une référence au "travailler plus pour gagner plus" de Nicolas Sarkozy en 2007. Une allusion peu étonnante tant l'on sait que les deux hommes entretiennent de bonnes relations.

Il a ensuite, plus inattendu, évoqué au sujet d'Orpéa et des personnes âgées dépendantes "nos vies, leurs vies (qui) valent plus que tous les profits", paraphrasant là le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou, à l'époque où Olivier Besancenot prônait "Nos vies, pas leurs profits", s'attirant une réponse cinglante de Philippe Poutou.

En fin de meeting, Emmanuel Macron a lancé "la mobilisation, c'est maintenant", paraphrasant là François Hollande qui en 2012 avait été élu en promettant que "le changement, c'(était) maintenant". François Hollande avait fait d'Emmanuel Macron son ministre de l'Économie, mais son successeur entretient notoirement avec lui des relations compliquées.

Plus lointain dans la Ve République, Emmanuel Macron a aussi glissé qu'"il n'y a pas plus puissant que la force tranquille de la fraternité", clin d'oeil au slogan "la force tranquille" de la victoire d'un autre socialiste, François Mitterrand, à la présidentielle de 1981.

Il a aussi appelé à "ne pas diluer nos forces dans les divisions" car "la France unie c'est celle qui se regarde en face, dans sa pluralité", cette fois en référence à "La France unie" prônée par le même Mitterrand, lors de sa campagne de réélection en 1988.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV