BFMTV
Présidentielle

Atout ou handicap? Comment la crise ukrainienne peut peser sur la campagne d'Emmanuel Macron

placeholder video
Le président de la République devrait attendre le dernier moment pour officialiser son entrée dans la campagne présidentielle. Une stratégie qui pourrait lui servir.

Emmanuel Macron a-t-il fait le bon choix, en conditionnant son entrée dans la campagne présidentielle à la sortie de crise en Ukraine? Début février, le président de la République avait annoncé la couleur, en affirmant que son "devoir est d'être pleinement concentré" à sa fonction présidentielle, en particulier en qualité de président du Conseil de l’Union européenne.

C'est ainsi que le président français s'est personnellement investi ces derniers jours pour trouver une issue favorable au conflit russo-ukrainien, au point de passer de longues heures au téléphone avec Vladimir Poutine dans la nuit de dimanche à lundi, et ce quelques jours seulement après son déplacement à Moscou et à Kiev.

Problème, après avoir dans un premier temps obtenu un accord de principe pour un sommet Biden-Poutine, la situation s'est dégradée avec la déclaration d'indépendance des territoires séparatistes dans l'Est ukrainien, et une sortie de crise qui semble plus éloignée que jamais.

Un calendrier bouleversé

Cette escalade des tensions entre la Russie et l'Ukraine rend le tempo difficile à trouver pour une possible candidature du président français. Selon une information donnée par des membres de LaREM à l'AFP, confirmée par BFMTV, Emmanuel Macron tiendra un premier meeting de campagne le samedi 5 mars à Marseille.

Il devrait donc se présenter juste avant, en prenant en compte que la date limite des candidatures est le 4 mars. D'une certaine manière, en jouant la carte de la diplomatie jusqu'au bout, le président de la République semble s'être quelque peu piégé tout seul. Et à moins de deux mois du premier tour, la fenêtre de tir pour se présenter s'est plus que jamais rétrécie.

"C'est difficile d'entrer sereinement dans son costume de candidat alors qu'il y a une guerre aux portes de l'Europe", résumait un conseiller de l'exécutif il y a quelques jours.

"Il regarde ses adversaires se déchirer"

Pour autant, passé ce bouleversement de calendrier et cette candidature chamboulée, l'image d'Emmanuel Macron pourrait très bien bénéficier de la situation en Ukraine. En effet, les crises internationales, avec la Russie aujourd'hui mais également au Mali précédemment, permettent au chef de l'Etat de rester éloigné de la bataille politique à laquelle se livrent les candidats déclarés.

"Il regarde ses adversaires se déchirer depuis des semaines et des semaines", rappelle Laurent Neumann, éditorialiste politique de BFMTV.

Ainsi, quand les candidats à la présidentielle s'affrontent sur les questions nationales, Emmanuel Macron endosse, lui, le rôle plus confortable d'un protagoniste de premier plan sur la scène internationale. Un interlocuteur privilégié des dirigeants russe, américain, britannique ou allemand, qui tente de sortir de la crise qui se joue aux frontières de l'Europe.

Mais les candidats déclarés à l'élection d'avril prochain, eux, réclament que le chef de l'État entre enfin dans la danse, et l'opposition n'hésite pas à le faire savoir.

"Il s'est cru gendarme du monde, peut-être pour préparer son entrée en campagne présidentielle, en allant se mettre en scène devant Vladimir Poutine" lâchait au micro d'Europe 1 ce mercredi le président du Rassemblement national Jordan Bardella, estimant que le chef de l'État devait "sortir de sa cachette".

"Il a joué son rôle"

De tous bords politiques, la hauteur prise par Emmanuel Macron vis-à-vis de l'échéance présidentielle déplaît. Quand Alexis Corbière, député de la France insoumise estime sur BFMTV qu'Emmanuel Macron "fait de la com'" sur le volet Ukrainien, la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse affirme sur France Inter avoir "le sentiment qu’il instrumentalise une cause internationale à des fins électorales".

Face à ces critiques, la majorité n'hésite pas à voler au secours du président de la République, et à justifier la stratégie de ce dernier. Christophe Castaner, député des Alpes-de-Haute-Provence et président du groupe LaREM à l'Assemblée nationale considérait ce mardi, également sur France Inter, que "ces dernières heures, nous avions besoin d'un président de la République totalement à sa charge: celle de président". Même discours du côté de Valérie Gomez-Bassac, porte-parole LaREM à l'Assemblée:

"Il a joué son rôle en tant que chef de l'État, il a joué son rôle en tant que président du conseil de l'Union européenne" estime-t-elle sur BFMTV ce mercredi. "Quand vous regardez la presse internationale, tout le monde salue le travail fait par Emmanuel Macron, il faut aussi voir ça avec un peu plus de hauteur."

Si l'opposition s'écharpe sur la question, l'absence d'Emmanuel Macron dans le débat de la présidentielle ne semble en tout cas pas le pénaliser auprès de l'électorat. Laurent Neumann le rappelle, "dans les sondages le président Emmanuel Macron ne bouge pas, le socle est toujours le même", entre 23 et 25% des voix, ce qui le met toujours en tête des intentions de vote.

Louis Augry