Edouard Philippe: "Les femmes victimes de violences sont ensevelies sous notre indifférence"

Pendant trois mois, de ce mardi au 25 novembre prochain, le Grenelle contre les violences conjugales mobilisera le gouvernement comme les acteurs du monde associatif, des magistrats, des représentants des forces de l'ordre, des victimes ou des proches de victimes. Et c'est à domicile qu'Edouard Philippe a lancé officiellement la réflexion. Prenant la parole à Matignon, solennel et ému, Edouard Philippe a posé:
"Depuis des siècles, ces femmes sont ensevelies sous notre indifférence, sous notre déni, notre incurie, sous notre machisme séculaire."
Le chef du gouvernement a poursuivi: "Les violences conjugales ne sont pas des disputes de couples où les torts seraient partagés. C’est un processus d’emprise sexiste. Certains hommes se sont imprégnés d’un sentiment d’impunité". Edouard Philippe a voulu relever la diversité des situations: "Parfois, c’est une longue descente aux enfers, parfois c’est un moment unique et fatal."
Altérité
Le Premier ministre a expliqué que les violences faites aux femmes constituaient une atteinte à l'altérité: "Une femme est violentée, terrorisée, tuée parce qu’au fond elle représente une altérité et donc une volonté qui ne coïncide pas toujours avec la vôtre."
"Bien souvent, les victimes trouvent inadmissible la justice des hommes. Elles disent que la justice ne défend pas assez les femmes", a-t-il ajouté.
Pour renforcer le réponse judiciaire et étatique aux violences conjugales, Edouard Philippe a alors égrené une batterie de mesures d'urgence articulées autour de quatre priorités: protéger les femmes en les mettant à l'abri, éloigner réellement et immédiatement leurs agresseurs, leur garantir une protection tout au long de la chaîne pénale et limiter l'autorité parentale du père violent.
"L'exercice de l'autorité parentale sera suspendu de plein droit en cas d'homicide volontaire par le conjoint", a ainsi souligné le Premier ministre.