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EDITO - Lettre de Macron aux Français: "une démarche inédite et pas ringarde"

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Pour Christophe Barbier, éditorialiste à BFMTV, la lettre qu'Emmanuel Macron veut adresser aux Français doit permettre au président de "reconstituer un lien" avec le peuple.

"Je vous écrirai dans les prochains jours pour vous préciser les attentes du grand débat national", a annoncé le 31 décembre Emmanuel Macron lors de ses voeux pour 2019. Un moyen pour le président de la République de "réamorcer un débat entre le peuple et lui" après la vive contestation portée par le mouvement des gilets jaunes, estime notre éditorialiste Christophe Barbier, qui qualifie cette lettre aux Français de "profession de foi nouvelle".

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"Emmanuel Macron a décidé de s'adresser directement à chaque Français afin d'expliquer le grand débat national, sa méthode, ses enjeux. En réalité, pour reconstituer un lien avec les Français qui s'est détruit depuis l'élection présidentielle. C'est une sorte de profession de foi nouvelle, de nouvelle alliance que le président va essayer de rédiger pour que d'ici à 2022, il y ait quelque chose d'écrit entre le peuple et lui. Il s'agit de créer une sorte de nouveau programme, de nouvelles manières de faire, une sorte de bréviaire pour les jours qui restent de son quinquennat.
Le 7 avril 1988, en pleine campagne présidentielle à l'aube de son deuxième septennat, François Mitterrand avait écrit une lettre aux Français. Un courrier avec quelques mots manuscrits, le reste étant une sorte de grand tract-programme qui avait été publié dans les journaux. Nicolas Sarkozy avait réédité le même genre d'exercice en 2012 à la fin de son quinquennat. Mais là, ce n'est pas du tout la même chose, on est loin de la campagne présidentielle. Il s'agit non pas de proposer quelque chose pour un quinquennat nouveau mais de relancer le mandat en cours.
Si Emmanuel Macron écrit personnellement à chaque Français avec une enveloppe que l'on reçoit dans sa boîte aux lettres, un papier que l'on peut lire, annoter, relire, cela va être différent. On voit par ailleurs déjà naître la polémique: est-ce que le président doit faire payer par l'Etat un tel document politique? Est-il dans le cadre de sa fonction? Oui, si le grand débat national amène le président à prendre des décisions. Mais "non", va dire l'opposition, en demandant à ce que ce soit le parti La République en marche qui prenne à sa charge les frais d'envoi. Quoi qu'il en soit, c'est une démarche inédite et pas ringarde. Encore faut-il qu'elle marche".

Me.R.