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Bygmalion: révélations en forme de "Bigmagouilles", le livre qui agite l'UMP

Nicolas Sarkozy lors de son meeting de campagne à Nice, le 20 avril 2012

Nicolas Sarkozy lors de son meeting de campagne à Nice, le 20 avril 2012 - Eric Feferberg - AFP

Dans le livre "Bigmagouilles", à paraître le 22 octobre prochain, une journaliste de Libération raconte par le menu - c'est le cas de le dire - le riche train de vie de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012.

20 avril 2012. Nicolas Sarkozy, président de la République sortant et candidat à sa succession, quitte la scène du palais Nikaia de Nice, où il vient de donner un meeting en terrain conquis. Dans l’arrière-salle, quelques dizaines de VIP sont conviées à un buffet somptueux, où le champagne et la truffe, ce fin champignon hors de prix, débordent des tables.

"Ça sentait la truffe dans tous les couloirs", se souvient un membre de l’équipe. "Nous sommes nombreux à avoir halluciné", se rappelle un autre dans Bigmagouilles, l’enquête de la journaliste de Libération Violette Lazard sur les liens entre l’UMP et la société Bygmalion. François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Copé, Brice Hortefeux ou encore Bernadette Chirac était présents à ce cocktail facturé près de 5.500 euros.

"Tous ceux qui jurent qu'il ne savaient rien, ils ont tous bouffé des pâtes à la truffe"

"Ce soir-là personne ne se sentait gêné", raconte l’ancien directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrilleux, lâché depuis par son camp et qui vient de quitter l’UMP. Dans l’ouvrage, dont le Nouvel Observateur publie les bonnes feuilles ce jeudi, on comprend mieux les débordements de la campagne présidentielle menée par Nicolas Sarkozy et les dépassements de budget, retoqués par le Conseil constitutionnel, qui ont suivi.

"Tous ceux qui aujourd’hui jurent haut et fort qu’ils ne savaient rien sur les dépassements des comptes de campagne, ils ont tous bouffé des pâtes à la truffe et bu du champagne", peste désormais Jérôme Lavrilleux après avoir dénoncé des "dérapages" sur BFMTV fin mai 2014.

"Amateurisme" et "dédain"

Bygmalion, c’est "l’affaire du très probable président de l’UMP" et "l’histoire d’une campagne présidentielle menée avec un amateurisme désarçonnant et un dédain affiché pour les questions financières", explique l’auteure. 

"Personne n'a osé dire" à Nicolas Sarkozy que "l'on ne pourrait pas tenir un tel standing", assure Jérôme Lavrilleux alors trois ex-cadres l’entreprise, proches de la formation politique, ont été mis en examen et que Jean-François Copé, qui a convoqué une réunion de crise au lendemain des premières révélations, y a laissé son poste de président du parti.

"Vous vous rendez compte pour quelqu'un qui prétend gouverner la France? Des choses comme ça qui se passent chez lui sans qu'il le sache?", s'étrangle à propos de Copé, Franck Attal, patron d'Event&Cie, la filiale de Bygmalion qui organise des meetings.

Une flopée de régisseurs

Jérôme Lavrilleux a "du mal à l’imaginer", mais Nicolas Sarkozy nie avoir eu connaissance de la situation. Il nie même connaître, à l’inverse d’autres ténors de l’UMP, la société Bygmalion, entreprise qui aurait facilité un système de fausses factures pour un dépassement des comptes de près de 18 millions d’euros. 

Pour le comprendre, Bigmagouilles raconte que pour le grand meeting organisé place de la Concorde, à Paris, l’équipe de campagne avait recruté toute une flopée de régisseurs en tout genre. Il y avait même des adjoints aux adjoints payés près de 5.000 euros pour 7 jours de travail. "C’est un gag, s’amuse un expert dans le livre. Une blague". Sans truffe, ni champagne.

Samuel Auffray