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Affaire Benalla: après deux jours de mutisme, Marine Le Pen sort du silence

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Marine Le Pen a diffusé ce vendredi une vidéo où elle s'exprime au sujet de l'affaire Benalla, après une réserve observée jusqu'ici. Elle somme Emmanuel Macron de s'expliquer et fustiger la "tentation d'une police parallèle" nourrie selon elle par le pouvoir.

Elle aura attendu longuement, laissant jusqu'ici ses lieutenants, comme Sébastien Chenu, livrer la parole du Rassemblement national sur l'affaire qui fait tanguer l'exécutif depuis mercredi soir: le cas Alexandre Benalla. Ce vendredi après-midi, Marine Le Pen, députée élue dans le Pas-de-Calais et présidente du Rassemblement national, est finalement sortie de sa réserve, en diffusant une vidéo. 

"Comment, pourquoi, par qui"

On l'y voit, accompagnée d'un logo "Alerte démocratie" reprenant l'adresse du site internet que son mouvement a fondé pour protester contre la saisie de deux millions d'euros destinés à l'origine à son parti par la justice, s'exprimer sur l'actualité du moment derrière un pupitre. "L’affaire Benalla ou plutôt l’affaire Benalla-Crase est une affaire d’Etat. Les agissements illégaux d’une extrême violence de la part de deux collaborateurs du président de la République sont venus scandaleusement ternir l’image de la police et celle de l’Etat", commence-t-elle. "De fait, de très nombreuses questions se trouvent être posées", dit-elle.

"La question politique porte sur les conditions dans lesquelles ces actes ont été rendus possibles. Comment, pourquoi, et par qui ils ont été couverts ? Et enfin ce qu’ils révèlent de la nature du pouvoir qui est en train de se mettre en place dans notre pays depuis un an avec Emmanuel Macron", pose-t-elle.

"Personne ne peut croire à un débordement individuel" 

Après avoir moqué l'attitude du président de la République durant les matchs de l'Equipe de France ou son retour de Russie, elle ajoute: "Mais cette affaire révèle qu’il n’a pas seulement oublié d’incarner la fonction présidentielle mais que le pouvoir, qu’il décrivait lui-même comme jupitérien, semble désormais s’affranchir des valeurs sur lesquelles repose notre République." Car, pour elle, l'affaire dépasse de loin le seul Alexandre Benalla:

"Personne ne peut croire qu’il s’agisse d’un débordement individuel. Deux personnes du clan élyséen sont mêlées aux faits révélés par les vidéos. Ces deux personnes ont visiblement bénéficié de protections illégitimes, voire illégales de la part d’agents publics."

Elle pointe quelques responsabilités: "Le ministère de l’Intérieur s’est gardé d’y donner les suites judiciaires et juridiques qu’ils exigeaient. Enfin, les services de sécurité officiels de l’Elysée ne pouvaient ignorer les fonctions particulières de ces collaborateurs venus d’on ne sait où et qui bénéficiaient de privilèges inexplicables."

Marine Le Pen appuie alors: "Au-delà d’un autoritarisme que beaucoup ont pu percevoir les pratiques de l’Elysée semblent mettre en lumière les tentations de police parallèle agissant en-dehors de tout cadre légal." Et elle somme le chef de l'Etat de s'expliquer: "Il apparaît évident que devant la gravité des faits Emmanuel Macron doit s’expliquer." Elle aborde ensuite la situation de son parti:

"Il y a quelques jours nous avons ouvert un site alertedemocratie.fr lorsque le Rassemblement national, premier parti d’opposition, a été privé, sur réquisition du ministère public, de sa subvention publique avant même tout jugement. La pratique qui consiste à condamner un mouvement d’opposition à la ruine avant même tout jugement était tout à fait emblématique de la dérive de ce pouvoir dont on ne sait s’il est aux mains d’amateurs, de gens immatures, de cyniques ou d’irresponsables. "

Appel à la mobilisation

Pourquoi une telle digression? Parce que le péril qui menace le Rassemblement national lui paraît s'inscrire en correspondance avec les violences d'Alexandre Benalla le 1er mai dernier. "Les principes sur lesquels se fondent les libertés et la sécurité juridique de tous les citoyens. La démocratie se mesure à la façon dont on traite les opposants. Quand on les ruine, ou qu’on les passe à tabac, ce sont, vous en conviendrez, des signes bien inquiétants", glisse-t-elle. 

La députée en termine par un appel à la mobilisation: "Défenseurs acharnés des valeurs de la République, attachés au sens de l’Etat, à l’Etat de droit et à la liberté publique, nous appelons les Français à la mobilisation. La liberté est un combat de tous les jours. En pesant bien mes mots, je voudrais vous dire, mes chers compatriotes, vive la République !"

Robin Verner