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Politique

49.3 sur le budget: Marine Pen fustige un "non-respect de la démocratie"

La dirigeante du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 11 octobre 2022

La dirigeante du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 11 octobre 2022 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

La patronne des députés RN critique un gouvernement qui fait "le tri entre ce qu'il considère comme étant des bons ou des mauvais amendements".

"Un non-respect de la démocratie". Invitée d'Europe 1, la cheffe de file des députés Rassemblement national (RN) a fustigé le moment choisi par l'exécutif pour dégainer l'article 49.3 de la Constitution afin d'adopter le Budget 2023.

"Ce que je trouve scandaleux, ce n'est pas tant [son] utilisation " [...] mais d'avoir attendu pendant dix jours que nous votions des amendements", a expliqué Marine Le Pen.

"On se dit qu'on a travaillé pour rien"

Si le gouvernement a conservé certains amendements de l'opposition, comme le maintien d'une TVA à 5,5% sur les masques proposé par la socialiste Valérie Rabault, il en a abandonné d'autres tels que l'exit-taxe et la taxe sur les super-dividendes.

Cette dernière mesure avait été présentée à l'initiative du MoDem - allié de la majorité - et votée par le RN, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) et ... 19 députés Renaissance contre l'avis de l'exécutif.

"Le gouvernement a fait le tri entre ce qu'il considère comme étant des bons ou des mauvais amendements", a pointé Marine Le Pen.

Or, "le problème", selon l'ancienne candidate à la présidentielle, "c'est qu'il n'y a pas de bons ou de mauvais amendements votés" mais tout simplement "des amendements votés par la représentation nationale". Comprendre: quitte à faire durer les débats, le gouvernement aurait dû conserver l'ensemble des amendements adoptés par les oppositions.

"On se dit qu'on a travaillé pour rien", a déploré la députée du Pas-de-Calais, critiquant une démarche "profondément anti-démocratique".

Son groupe compte déposer une motion de censure ce jeudi. La Nupes l'a devancé mercredi en déposant la sienne. Chacun devrait nager dans son couloir et voter sa propre disposition sans apporter ses voix à celle de l'autre. Aucun risque donc pour le gouvernement. Une motion de censure nécessite en effet l'approbation de la majorité (289 députés) des membres de l'Assemblée nationale.

LR, "béquille passive" de la majorité

Même si la Nupes et le RN votaient conjointement, cela ne suffirait pas. Seul un appui des députés du parti Les Républicains (LR) permettrait d'aller au bout de la démarche et ainsi renverser le gouvernement. Or, ces derniers ont déjà indiqué qu'il ne comptaient pas procéder ainsi, expliquant ne pas souhaiter "ajouter du chaos au chaos".

"C’est gravir une montagne que d’obtenir que Les Républicains (LR) s’opposent véritablement au gouvernement car ils sont une forme de béquille passive [...] du groupe d’Emmanuel Macron à l’Assemblé nationale", a raillé Marine Le Pen.

Cette dernière a ensuite justifié la décision des siens de ne pas voter la motion de censure de la Nupes. "Nous ne censurons pas le gouvernement pour les mêmes raisons" a-t-elle jugé. Avant de critiquer: "Je ne pas voter une motion de censure de la France insoumise qui explique qu’il faut plus d’argent pour l’immigration, qu’il faut moins d’argent pour la police." Le gouvernement peut dormir sur ses deux oreilles.

Baptiste Farge