"Y'a pas de preuves": le troublant enregistrement de Cédric Jubillar lors d'une conversation avec des proches

Lors d'un échange virulent avec des amis de Delphine Jubillar, le conjoint de la disparue fait preuve de mépris à l'idée de poursuivre les recherches autour de Cagnac-les-Mines.

Le ton est pour le moins déroutant. Alors que Cédric, le mari de Delphine Jubillar, portée disparue depuis décembre 2020, doit ce vendredi matin être de nouveau entendu par les juges en charge de cette enquête, BFMTV a pu se procurer un enregistrement vocal troublant. Dans ce document audio, une discussion animée entre l'homme et un couple de proches de la disparue.

"Je n'ai rien à cacher"

Dans cet enregistrement daté d'avril 2021, quelques semaines avant son incarcération en date du 18 juin, Cédric Jubillar est questionné sur la disparition par ce couple d'amis qui aurait évoqué des doutes sur sa potentielle culpabilité. En réponse, Cédric Jubillar se défend avec véhémence et semble manifester de l'énervement à l'idée que les recherches puissent se poursuivre.

"Y’a pas de soucis! Aie des doutes, sauf que comme tu peux le voir, y’a pas de preuves donc avant de faire des grands blablabla, on redescend sur terre et on cherche des preuves. Je n’ai rien à cacher, je l’ai déjà dit à ta femme, je n’ai rien à cacher. Je m’en bats les couilles", lance-t-il alors.

En ce qui concerne les fouilles, le ton n'est guère plus cordial alors que plusieurs battues solidaires avaient été organisées aux alentours de Cagnac-les-Mines, commune du Tarn dans laquelle ce couple en voie de divorce vivait au moment des faits.

"Cherchez dans Cagnac, je ne sais pas ce que vous allez chercher. On a été 2000 à faire la battue, je pense qu’à Cagnac, il n’y a plus rien à fouiller", l'entend-on lancer.

A cela, l'amie de Delphine Jubillar lui rétorque: "Ta femme c’est ma copine, c’est une maman. Je fais ce que j’ai à faire. C’est quoi qui t’emmerde? Que je cherche?". À ces interrogations, Cédric Jubillar répond par le mépris le plus total.

"Franchement, fais ta vie. Au contraire, dépense ton énergie, tant mieux!", balaie-t-il.

Succession de sorties véhémentes

Ce n'est pas la première fois, au cours de ces dernières semaines, que des propos attribués à Cédric Jubillar interpellent. Au printemps dernier, ce dernier avait adressé un message véhément à une amie de son épouse, qui souhaitait poursuivre les opérations de recherches.

"Ce qui m’a fait rire, c’est votre façon de parler, de rire ou de pleurer avec vos t-shirts et banderoles, vous êtes pathétiques. Vous n’êtes qu’une bande de dindes gloussant devant les caméras. Vous faites pitié", écrivait-il.

En décembre, les enquêteurs avaient obtenu des éléments troublants dont cette écoute téléphonique datée du 16 mai 2021 entre l'homme et sa soeur. "Enola, de toi à moi, je suis le meurtrier parfait pour l'instant, n'oublie pas que j'ai commis le crime parfait. Si tu as besoin de conseil...", avait-il dit.

Début janvier, un ancien de ses co-détenus à la prison de Toulouse-Seysses, en Haute-Garonne, aurait recueilli les confessions de l'artisan plaquiste, dont les demandes de remise en liberté ont toutes été refusées par la justice.

Nouvelle piste?

Toutefois, il n'existe pas, pour l'heure, de preuve matérielle de la culpabilité de Cédric Jubillar. Mercredi, les premiers résultats de l'expertise menée sur la couette saisie au domicile de Cédric et Delphine Jubillar n'avaient révélé aucune trace de sang, indiquaient des sources concordantes à BFMTV. Celle-ci était une pièce centrale du dossier et des analyses complémentaires ont été ordonnées afin d'en savoir plus sur le sujet.

Désormais, les enquêteurs se penchent sur le cas d'une voiture blanche, celle d'un ami de Cédric Jubillar, dans laquelle des taches de sang ont été retrouvées. Pour l'heure, il est encore impossible de savoir s'il s'agit de fluide animal ou humain. Des experts mènent encore des analyses sur ces tâches. Ce sont les déclarations du fameux co-détenu qui ont mis les autorités sur la piste de ce véhicule.

Ce vendredi, Cédric Jubillar est convoqué par les deux juges en charge de l'enquête sur la disparition de l'infirmière, fin 2020, une semaine après l'échec de vastes fouilles entreprises près du village où résidait le couple. Il continue de se dire innocent et est considéré comme tel par la justice.

Matthias Tesson avec Hugo Septier