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Police-Justice

Violences sexuelles à Saint-Stanislas à Nantes: la justice va diligenter des enquêtes

L'entrée du collège-lycée privé Saint-Stanislas à Nantes le 29 août 2025.

L'entrée du collège-lycée privé Saint-Stanislas à Nantes le 29 août 2025. - Loic VENANCE © 2019 AFP

Après la conférence de presse qui avait rendu publics de premiers témoignages sur des violences sexuelles sur des élèves de l'établissement catholique de Nantes (Loire-Atlantique) entre les années 1950 et 1990, des enquêtes pénales seront prochainement diligentées par le parquet.

Le parquet de Nantes (Loire-Atlantique) prévoit de diligenter des enquêtes pénales sur certains faits après avoir reçu une trentaine de courriers concernant des violences sexuelles commises au collège-lycée catholique Saint-Stanislas, remontant pour la plupart aux années 1960.

Fin septembre, un mois après la conférence de presse qui avait rendu publics de premiers témoignages sur des faits courants des années 1950 à 1990, le diocèse avait dit avoir enregistré 63 signaux à propos de cet établissement.

Sur les 31 courriers reçus par la justice, transmis par l'évêché ou directement informés au parquet, quinze émanent de victimes et saisies de témoins, a indiqué ce jeudi 16 octobre le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy.

"Certaines personnes se sont également rendues dans des commissariats de police pour donner des informations ou déposer plainte", a-t-il ajouté.

Neuf personnes sont mises en cause, principalement des membres du clergé, certaines décédées.

"Selon les situations, des enquêtes pénales vont être diligentées", a ajouté le procureur, sans donner davantage de détails.

Une enquête avait déjà été ouverte début septembre après le suicide en 2024 d'un quadragénaire ayant confié à des proches avoir été victime de violences sexuelles lorsqu'il était interne au collège.

Les premiers témoignages évoqués par le diocèse, réalisés depuis début 2025 et émanant de victimes ou de leurs familles, décrivaient des viols, des agressions sexuelles et des attouchements, commis au sein de l'internat et pour "au moins une victime" des faits survenus lors de vacances organisées par l'établissement.

"Système de prédation"

Fin septembre, un collectif de victimes a été fondé. "C'est en le constituant qu'on a découvert qu'on était passés dans le même système de prédation, avec des auteurs différents pour certains, communs pour d'autres", a expliqué à l'AFP Emmanuel Cocaul, 60 ans, élève à Saint-Stanislas entre 1976 et 1984.

Dès 2020, il avait témoigné auprès de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) d'agressions sexuelles commises par un aumônier - décédé depuis - entre ses 11 et 14 ans.

"J'ai toujours su que c'était anormal, mais le système ne reposait pas, à la différence de Bétharram par exemple, sur de la violence physique directe. C'était beaucoup plus douloureux, c'était un rapport de force, d'autorité", at-il déclaré.

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Un autre membre du collectif, qui a préféré rester anonyme, décrit une agression sexuelle subie de la part d'un professeur de catéchèse - également décédé - au milieu des années 1960, dans la chambre du religieux.

"Peut-être que ce type de prêtre repère les élèves solitaires. A la récréation j'étais seul, j'étais la brebis fragile, facile à attraper", raconte cet enseignant à la retraite de 70 ans, ajoutant avoir ressenti une "grande tristesse" mais aussi une "une fois de soulagement" après avoir appris qu'il n'était pas la seule victime.

D'autres établissements

Lors de leur conférence de presse fin août, l'évêque de Nantes et le directeur de l'enseignement catholique avaient assuré qu'un travail d'archive allait être mené à Saint-Stanislas et dans le diocèse pour éventuellement "détecter s'il ya eu des choses dissimulées, mises sous le tapis".

Depuis 2021 et la publication du rapport de la Ciase, Saint-Stanislas a été à plusieurs reprises la cible de tags accusant des hommes d'Église de viol. Au-delà de Saint-Stanislas, le parquet a dit ce jeudi avoir reçu 14 courriers concernant d'autres établissements, notamment à Nantes et Saint-Nazaire.

De son côté, le diocèse a indiqué ce jeudi 16 octobre à l'AFP avoir reçu 95 mails depuis son appel à témoignages lancé fin août, tous établissements confondus.

Le rapport de la Ciase publié en 2021 estime à 330.000 le nombre de mineurs victimes de violences sexuelles au sein de l'Eglise. Parmi elles, 108.000 auraient été agressées dans le cadre de l'enseignement scolaire catholique, une augmentation depuis le président de la Ciase, Jean-Marc Sauvé.

L.P. avec AFP