Valence, Toulon, Nanterre... Plusieurs prisons ciblées par des incendies et des tirs dans la nuit

Véhicules brûlés, coups de feu sur les portes d'un établissement... Dans la nuit de ce lundi 14 à ce mardi 15 avril, plusieurs établissements pénitentiaires français ont été visés par des tirs à l'arme automatique ou des incendies, a appris BFMTV du ministère de la Justice. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé se saisir de l'enquête concernant ces dégradations.
À Luynes (Bouches-du-Rhône), des véhicules ont été brûlés sur le parking de l'établissement, tout comme à Valence (Drôme) où un individu à trottinette a mis le feu à des voitures devant le centre pénitentiaire. À Toulon (Var), ce sont des tirs à l'arme automatique qui ont visé la porte de la prison. Quinze impacts de tirs de kalachnikovs ont par ailleurs été constatés.
Les établissements de Nanterre (Hauts-de-Seine), Villepinte (Seine-Saint-Denis) et Nîmes (Gard) ont également été touchés, d'après nos informations.
À Marseille, plusieurs véhicules ont également incendiés dans une rue du 13ème arrondissement. Une dizaine de voitures ont aussi été taguées avec l'inscription "DDPF" sur le parking d'une résidence qui abrite des fonctionnaires du ministère de la Justice, a appris BFMTV d'une source proche du dossier, confirmant les informations de La Provence.
Cette inscription, ainsi que "DDPM", a été retrouvée ailleurs, comme sur la porte de l'établissement de Toulouse-La Farlède.

Dimanche, aux alentours de 23 heures, des dégradations avaient déjà été découvertes sur le parking de l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) à Agen (Lot-et-Garonne), où sept véhicules ont été brûlés, indique le procureur Olivier Naboulet, dans un communiqué. Ces voitures appartenaient à des élèves ainsi qu'à un membre du personnel de l'école.
Des actions coordonnées
Selon une source proche du dossier à BFMTV, ces attaques sont coordonnées. Elles auraient été planifiées en réaction à la création des prisons de haute sécurité, et plus précisément face à la stratégie du Garde des Sceaux contre le narcobanditisme.
Gérald Darmanin a en effet annoncé la création de prisons hautes sécurité à Vendin-le-Vieil et à Condé-sur-Sarthe. Des travaux ont débuté au sein du premier établissement pour pouvoir accueillir, d'ici juillet, les 100 plus gros narcotrafiquants de France.
En réaction aux dégradations, les agents pénitentiaires de Toulon-La Farlède ont bloqué le centre ce mardi matin jusqu'à l'arrivée du directeur de l'établissement et du directeur régional. Les agents ont finalement décidé de reprendre leur travail, mais en assurant un service minimum, c'est-à-dire s'occuper des unités sanitaires, encadrer les parloirs avec la famille et autoriser une seule promenade pour les détenus.

Darmanin attendu à Toulon
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a réagi à ces multiples incendies et tirs, dans une publication sur son compte X, annonçant avoir demandé à ce que la sécurité des agents et des prisons soient renforcées. "Je condamne fermement ces actes, et j’ai donné cette nuit instruction aux préfets, aux côtés des services de police et de gendarmerie, de renforcer sans délai la protection des agents et des établissements."
"Je veux dire mon soutien aux agents de l’administration pénitentiaire pris pour cible par des voyous. La réponse de l’État devra être implacable. Ceux qui s’en prennent aux prisons et aux agents ont vocation à être enfermés dans ces prisons et surveillés par ces agents", a-t-il encore écrit.
Le ministre de la Justice s'est lui aussi exprimé sur X, dénonçant des "tentatives d'intimidation". "La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels. Elle est défiée et saura être ferme et courageuse", déclare Gérald Darmanin.
Ce dernier est attendu au centre pénitentiaire de Toulon ce mardi après-midi pour s'exprimer sur ces événements et apporter son soutien aux agents pénitentiaires.