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Terrorisme

Terrorisme: les aéroports et les gares, des cibles encore vulnérables

Les attentats perpétrés mardi à Bruxelles ont mis en lumière la vulnérabilité des aéroports et des transports en commun en Europe, alors que le dispositif de sécurité y était renforcé depuis plusieurs mois.

La sécurité y semble maximale, avec la présence en permanence de patrouilles de policiers en uniforme, de militaires en treillis, et de caméras de vidéosurveillance. Et pourtant, mardi, des terroristes ont réussi à frapper au coeur d'un aéroport international, à Bruxelles, faisant au moins 14 morts et 96 blessés. Les engins ont explosé dans le hall, avant les contrôles de sécurité. 

Outre ce renforcement militaire et policier, faudrait-il envisager de filtrer toute entrée du public et fouiller les bagages non pas à l'embarquement, mais dès l'entrée? Ce dispositif existe déjà en partie dans certaines aérogares.

"Certains pays du Moyen-Orient et d'Asie, comme Dubaï ou la Thaïlande, filtrent les gens qui rentrent dans l'aéroport, c'est à dire qu'entre le trottoir à l'extérieur et le hall, il y a un premier contrôle. Mais les bagages ne sont pas passés aux rayons X, donc ce système n'est pas non plus étanche", explique sur BFMTV Gérard Feldzer. "Il n'y a pas aujourd'hui d'aéroport 100% sécurisé, c'est quasiment mission impossible, et ceci est valable pour d'autres lieux publics, comme les grands magasins."

François-Bernard Huyghe, spécialiste en stratégie, rappelle également sur BFMTV qu'au Sri Lanka, "les voitures des usagers sont contrôlés un kilomètre avant l'aéroport". 

Sécurité réellement renforcée?

Depuis près de vingt ans, les gares, les stations de métro et les aéroports ont été des cibles privilégiées: comme le souligne Le Figaro, 17 attentats ont été perpétrés dans ces lieux depuis 1980. Mardi, les terroristes ont ainsi également frappé le métro bruxellois, faisant au moins une vingtaine de morts et 106 blessés. Immédiatement après, les dispositifs ont été renforcés dans les gares et métros des grandes villes européennes, y compris à New York, où les patrouilles ont été musclées.

La sécurité y était déjà plus importante depuis plusieurs mois, après l'attaque dans le Thalys en août dernier, et les attentats du 13 novembre. Le 19 octobre, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé une série de mesures visant à considérablement intensifier les contrôles et les fouilles dans les transports en commun et les trains.

Pourtant, Ruth Elkrief, éditorialiste BFMTV, a pu constater de nombreuses failles lundi, alors qu'elle a pris un Thalys avec son équipe pour revenir de Bruxelles, quelques heures avant l'attentat. Pas de contrôle d'identité, "aucun portique de sécurité, aucun contrôle douanier, aucun passage de gardes de sécurité dans les rames", a-t-elle rapporté. "Le ministre des Affaires étrangères belge a dit que quelque chose se préparait, alors pourquoi les mesures de sécurité n’étaient pas en alerte maximale?", a-t-elle critiqué.

Des pouvoirs accrus pour les agents de sécurité

Dans les transports en commun, totalement libres d'accès, le contrôle des usagers est encore plus complexe. Plusieurs mesures ont néanmoins été mises en place pour accroître la sécurité et la protection des voyageurs. Mardi matin, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a rappelé que "les accès aux zones publiques des transports sont réservées aux personnes munies d'un titre de transports et/ou d'une pièce d'identité".

Par ailleurs, le 9 mars dernier, le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi du député PS Gilles Savary sur la sécurité des transports. Le texte autorise notamment les agents des services de sécurité de la SNCF et de la RATP "à procéder à des palpations de sécurité" et à la fouille des bagages, avec l’accord des passagers. Si le passager refuse de s’y soumettre, il peut se voir refuser l’accès aux moyens de transport. 

Autre piste qui vise à se développer, la pose de portiques de sécurité à l'entrée des quais des grandes lignes. Les Thalys en sont équipés depuis décembre dernier à Paris, et la ministre Ségolène Royal souhaiterait en installer également sur les quais des TGV et des TER. Elle rencontre toutefois une opposition forte, notamment du côté de la principale fédération d'usagers, la Fnaut, qui craint que le "filtrage systématique" des voyageurs ne ralentisse trop la circulation et l'embarquement.

A. G.