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Terrorisme

GRAND ANGLE - Les ados du jihad

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Un mineur de 15 ans a été arrêté ce mercredi dans le 20e arrondissement de Paris par les services antiterroristes. Il est soupçonné d’avoir voulu préparer un attentat. Il s’agit du troisième jeune arrêté en une semaine.

L’interpellation a eu lieu au lever du jour par les hommes de la DGSI, à la plus grande surprise des voisins. Les forces de l’ordre perquisitionnent l’appartement d’une famille d’origine égyptienne. C’est le fils qu’ils sont venus chercher. Un adolescent de tout juste 15 ans. Un enfant solitaire, selon les voisins, mais a priori sans histoires.

"Il est scolarisé normalement et n’était pas connu de nos services. Il ne s'était jusqu'à présent pas signalé, à ma connaissance", indique Frédérique Calandra, la maire du 20e arrondissement de Paris.

A son domicile, pas d’armes à feu. Seul un pistolet à billes est retrouvé. Mais son matériel informatique est saisi. Car la police est persuadée que le garçon fomentait une attaque jihadiste.

"Il était complètement off radar, inconnu de la police et des services de renseignement. Mais visiblement ils ont eu un tuyau qui les a fait soupçonner qu’il était sur le point de commettre un attentat imminent", explique Cécile Ollivier, journaliste police-justice BFMTV. "Apparemment ce jeune homme s’était porté volontaire pour commettre attentat terroriste. Il cherchait à se procurer une arme pour passer à l’acte."

En contact avec un jihadiste très surveillé

Grâce à l’application de messagerie cryptée Telegram, l’adolescent était en contact avec un jihadiste très surveillé. Rachid Kassim, un francophone basé en Irak ou en Syrie, acteur clé de la propagande de Daesh. Il aurait inspiré les attaques de Magnanville ou de Saint-Etienne-du-Rouvray. Depuis plusieurs mois, via les réseaux sociaux, il téléguide des attentats en France.

"Ces individus, ces communicants de Daesh, utilisent les moyens que nous leur fournissons, des messageries cryptées produites dans les pays européens ou par les Américains, les Russes. Viber, Whatsapp… Toutes ces messageries sont utilisées, nous ne pouvons pas les décrypter", déplore Christophe Rouget, commandant de police, syndicat cadres sécurité intérieure.

Deux autres adolescents interpellés

Mais sur la chaîne Telegram de Rachid Kassim, les enquêteurs identifient près de 300 abonnés et remontent la piste de deux autres adolescents de 15 ans. Un premier, arrêté quatre jours plus tôt dans le 12e arrondissement de Paris. Il comptait s’attaquer à des promeneurs de la coulée verte à l’arme blanche. Quand au deuxième mineur, il a été interpellé une semaine plus tôt dans les Yvelines.

"Lui, contrairement à d’autres, était connu de la police et de la justice", précise Cécile Ollivier. "Il faisait l’objet d’une fiche S comme sûreté de l’Etat. Il n’avait jamais essayé de partir en Syrie mais par exemple son lycée l’avait signalé à plusieurs reprises aux autorités pour son comportement très radical. C’est quelqu’un qui ne faisait pas du tout mystère de sa radicalisation."

Bruno Vinay, son avocat, décrit un élève radicalisé sur internet.

"C’est un enfant de la République qui n’a pas du tout eu une culture ultra-religieuse", affirme-t-il. "C’est un profil d’un jeune homme un peu désœuvré qui a trouvé dans cette organisation terroriste une sorte de dépendance affective. Et qui s’est complu dans cette drogue un peu virtuelle qui l’a conduit à se radicaliser."

Les adolescents, recrues de choix pour Daesh

Trois jeunes de 15 ans interpellés en une semaine, la preuve que les adolescents, influençables, sont des recrues de choix pour Daesh.

"L’engagement dans le jihadisme va constituer une sorte de reconnaissance”, pour Michel Fize, auteur de Radicalisation de la jeunesse. "On va se bricoler une identité de substitution. Avec d’ailleurs des valeurs très claires, puisqu’elles sont binaires. Le bien le mal, les bons les méchants."

Actuellement, une trentaine de mineurs sont mis en examen pour des faits de terrorisme. Neuf d’entre eux sont détenus.
V.R. avec Natacha Rios, Alexandra Gonzalez, Baptiste Besson et Benjamin Chambost