Terrorisme: "Ces jeunes sont isolés mais connectés", assure l'avocat de l'un des mineurs arrêtés

Tous trois sont liés par le nom de Rachid Kassim, un jihadiste français de 29 ans qui incite sur Internet les abonnés à sa chaîne Telegram à commettre des attentats. Après l'arrestation de trois adolescents de 15 ans, jeudi, samedi et ce mercredi, à Paris et dans sa région, la question de l'existence d'un possible réseau jihadiste se pose. "Ils se connaissent tous", reconnaît l'avocat d'un des mis en cause.
"Appartenir à quelque chose qui vous soude"
Son client a été mis en examen et placé en détention provisoire il y a quelques jours. "Il a un profil classique d'un très jeune adolescent de 15 ans qui était déjà sous les radars de l’administration et de l’institution judiciaire", détaille sur BFMTV Me Bruno Vinay. Parlant d'un garçon "un peu désoeuvré", il estime qu'il a trouvé un refuge "psychologique" dans cette radicalisation "virtuelle".
"Il y a une vraie dépendance affective au réseau terroriste plus que religieuse", poursuit l'avocat. "Quand on s’intéresse à leur pratique de la religion, on s’aperçoit qu’elle est totalement éloignée de la pratique de la religion de l’Islam".
Elevé dans une famille peu religieuse, "enfant de la République" et "élève brillant", le jeune garçon, isolé, aurait alors basculé. "On a réellement un isolement à la base et l’idée de pouvoir appartenir à quelque chose qui vous soude", commente Me Vinay. dans dans cette "problématique virtuelle", l'avocat est presque certain que les trois garçons interpellés ces derniers jours étaient en contact entre eux. "Ces jeunes sont isolés mais connectés", assure-t-il. "Ils se connaissent tous".
Les méthodes des policiers dénoncées
Pour cet avocat, la réponse judiciaire apporté à ces cas est inadaptée, d'autant qu'"on peine à trouver l’élément qui prouve qu’il (son client, Ndlr) allait passer à l’acte", préférant parler d'"association de terroristes virtuelle". "On est en train d’incriminer un comportement, un potentiel risque plutôt qu’un fait", dénonce l'avocat.
Il poursuit: "Aujourd'hui on va privilégier une solution radicale plutôt que la solution éducative et on est aujourd'hui dans la sanction, non pas, du passage à l’acte mais dans la sanction de la dangerosité", juge-t-il, reconnaissant toutefois que son client encourt deux ans de prison pour avoir consulté la chaîne Telegram de Rachid Kassim.
Une messagerie privée dont se serviraient les policiers pour identifier des suspects. Pour l'avocat, les enquêteurs "dialoguent, testent et créent les preuves qui conduiront aux arrestations". "Je me pose la question parfois s’il n’y a pas eu une forme d’incitation, de provocation au crime", conclut l'avocat.