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Terrorisme

Attentats du 13-Novembre: Molins fait le point sur enquête "tentaculaire"

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A trois jours des commémorations du 13-Novembre, le procureur de la République, François Molins, a fait un point sur l'instruction et a affiché sa volonté de voir le procès se tenir "dans des délais les plus acceptables".

Deux ans après les attentats du 13-Novembre, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'enquête est toujours en cours. "Les juges espèrent la clôturer au printemps 2019", indique ce vendredi matin le procureur de la République de Paris, François Molins. Dans un entretien accordé à France Info, le magistrat détaille ce dossier "tentaculaire": 220 tomes de procédure, 28.000 procès-verbaux. "On a vraiment été confronté à une cellule terroriste d'une ampleur inédite", a-t-il insisté, rappelant "un travail sans discontinué" des juges et des enquêteurs.

Face à ce travail titanesque, "il y a une volonté affichée d'un procès dans des délais les plus acceptables".

Zones d'ombre

Plusieurs éléments viendront, dans les prochaines semaines et prochains mois, alimenter les investigations qui, pour l'heure, sont "très positives" avec l'arrestation de 13 suspects. A commencer par le procès de la fusillade de Forest, en Belgique, auquel Salah Abdeslam, seul survivant des commandos jihadistes du 13-Novembre, doit participer. Si ce procès "ne revêt pas d'intérêt majeur côté français", il pourrait permettre de déterminer son implication dans la cellule alors qu'il avait rejoint la Belgique dès le 14 novembre, quelques heures après les attaques. Reste à trancher les conditions de transport du détenu, qui ne coopère toujours pas avec la justice française.

François Molins estime également que la défaite annoncée de Daesh en Syrie pourrait éclairer les autorités françaises quant aux attentats de Paris et de Saint-Denis. "On peut espérer qu'au travers des découvertes et surtout des témoignages des jihadistes qu'ils viennent éclairer soit le rôle de chacun, soit l'organisation de cette association terroriste", détaille le procureur de la République de Paris, qui confirme qu'"il y a toujours des zones d'ombre" dans l'enquête et "que l'arrestation de certaines personnes peuvent apporter des clés de lecture". A commencer par avoir des informations sur certaines personnes interpellés ou mortes sur zone.

302 "revenants"

690 Français se trouveraient toujours sur la zone irako-syrienne, dont 295 femmes et 28 mineurs combattants de plus de 15 ans, confirme le procureur. "Plus difficile à évaluer", le nombre de mineurs de moins de 15 ans serait de 400. "La majorité des combattants, nous pensons qu'ils sont plutôt tentés sur un maintien sur zone", estime François Molins, précisant que tous les Français identifiés ayant rejoint Daesh ont été judiciarisés et font l'objet soit d'un mandat de recherche, soit d'un mandat d'arrêt.

Le cas des "revenants" est toutefois problématique. Alors qu'Emmanuel Macron a défendu un traitement au cas par cas du retour des femmes et des enfants, le procureur de la République de Paris a estimé que cette approche était "pragmatique et pleine de bon sens". Il a toutefois rappelé deux conditions: "se départir de toute naïveté" face à des personnes qui "sont plus déçus que repentis" et faire avec "des Etats souverains" qui ont "le droit de décider s’ils veulent les juger dans leur pays". "La France n'est pas seule", a insisté le procureur.

Actuellement, 302 personnes sont revenues en France de la zone irako-syrienne. "On a actuellement 398 individus mis en examen dont 260 sont en détention provisoire conformément aux réquisitions du parquet et 138 sont sous contrôle judiciaire mais avec un suivi renforcé", note François Molins.

Justine Chevalier