Attentats de Paris: les dialogues glaçants de la tuerie du Bataclan

La reconstitution audio du massacre du Bataclan a permis aux enquêteurs de reconstituer très précisément le déroulé de la soirée. - AFP
Le dictaphone avait été abandonné à la hâte par un spectateur. Retrouvé au premier étage du Bataclan, son exploitation est une mine d'or pour les enquêteurs. L'enregistrement, couplé aux échanges radio de la police, permet de retracer, minute par minute, le récit glaçant de cette soirée du 13-novembre. Un document exceptionnel dont Le Parisien a pu consulter une retranscription, et qui en dévoile ce vendredi les contours.
Les paroles exactes des terroristes
"Planquez-vous!", hurle la première voix saisie par le dictaphone. Il est 21h47, les terroristes viennent tout juste de pénétrer dans la salle. Après sept minutes de carnage, entre hurlements et sifflements des balles, les assaillants, se livrent à un jeu pervers, lançant des ordres contradictoires à leurs victimes:
- "Lève-toi ou je te tue!" somme un jihadiste.
- "Couché ou j'tire!" enchaîne Samy Amimour, le seul terroriste dont la voix a été formellement identifiée sur la bande sonore, qui dévoile, pour la première fois, les paroles exactes tenues par les trois membres du commando ce soir-là.
Premières revendications
Après ce massacre au rez-de-chaussée, les premières revendications. "Vous bombardez nos frères en Syrie et en Irak. Pourquoi on est ici nous? On est allé jusqu'en Syrie pour vous faire la même chose", lance un assaillant. "L'heure de la revanche est arrivée", renchérit un autre.
Après douze minutes d'exécutions massives, un jihadiste lance: "Vous connaissez Daesh? (...) Ils sont partout, en France, aux Etats-Unis. On va frapper partout".
C'est à ce moment-là qu'un premier policier, de la BAC, pénètre dans le Bataclan. "Casse-toi, casse-toi enfoiré!", lui enjoint Samy Amimour, avant que le commissaire ne lui tire dessus. La ceinture du terroriste explose. "Allahou Akhbar!", hurlent ses complices, Ismaël Omar Mostefaï et Foued Mohamed-Aggad, avant de se réfugier à l'étage.
Le cri de désespoir d'un policier
Les deux hommes prennent une dizaine de personnes en otages. "Ne venez surtout pas, sinon ils font tout péter!" lance l'une d'elle aux policiers de la BRI (brigade de recherche et d’intervention) qui viennent d'investir les lieux, aux environs de 22h15.
Pendant que les forces de l'ordre et les terroristes tentent difficilement d'établir la communication, les policiers d'élite, renforcés par les hommes du RAID, progressent méthodiquement en colonne.
"Casse-toi. Je fais sauter les otages!", vocifère un terroriste après avoir repéré un policier, qui rebrousse immédiatement chemin.
La progression est lente et périlleuse, le temps s'éternise. Un policier perd patience. "Sortez-les de là, y en a marre !" enrage-t-il, désespéré, à 23h37. Quarante minutes plus tard, l'assaut est lancé. Il durera trois minutes.