Attentat déjoué: les zones d'ombre de l'enquête

L'enquête sur l'attentat déjoué, qui visait au moins une église, progresse. Mais de nombreuses zones d'ombre subsistent: pourquoi le suspect, Sid Ahmed Ghlam, a-t-il tué Aurélie Châtelain? A-t-il des complices? D'où venaient les consignes qu'il recevait? Eléments de réponse. 

L'enquête sur l'attentat déjoué contre au moins une église, dans le cadre de laquelle le principal suspect, Sid Ahmed Ghlam, a été interpellé et placé en garde à vue, tout comme l'une de ses proches, une femme de 25 ans, progresse doucement au fil des heures. Des documents en arabe, faisant référence à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, ainsi qu'un véritable arsenal de guerre, ont été retrouvés dans la voiture et la chambre d'étudiant du terroriste présumé, âgé de 24 ans et de nationalité algérienne. Pourtant, des zones d'ombres demeurent dans cette affaire. BFMTV.com fait le point. 

> Interrogations autour de la mort d'Aurélie Châtelain

C'est l'un des aspects de l'affaire qui interpelle le plus. Pourquoi Sid Ahmed Ghlam a-t-il abattu Aurélie Châtelain, jeune femme de 33 ans originaire du Nord et de passage à Villejuif, dimanche, d'une balle de 9mm? L'ADN du terroriste présumé a été retrouvé sur la voiture de la victime, et la douille correspond à un revolver lui appartenant.

Mais l'objectif de ce meurtre pourrait être en réalité bien précis. "On pense qu'il a croisé Aurélie Châtelain au moment où il voulait s'emparer d'un véhicule pour essayer de dissimuler son crime en empruntant un autre véhicule que le sien", a indiqué le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, mercredi soir, sur TF1. Sid Ahmed Ghalm aurait donc tué Aurélie Châtelain pour lui voler sa voiture. 

Selon Bernard Cazeneuve, lorsque l'étudiant tue la jeune femme, dimanche matin, il est alors sur le point de commettre son acte terroriste dans une église de Villejuif, à moins de deux kilomètres du lieu du crime d'Aurélie Châtelain.

> Qui est le commanditaire de l'attentat? 

Autre zone d'ombre: le ou les mystérieux interlocuteurs de Sid Ahmed Ghlam. Sur l'un des téléphones portables saisis, les enquêteurs ont trouvé de nombreux échanges de SMS avec un donneur d'ordre, venant de l'étranger.

"Cet individu était en contact avec une autre personne pouvant se trouver en Syrie, avec laquelle il échangeait sur les modalités de commission d'un attentat, ce dernier lui demandant explicitement de cibler particulièrement une église", a détaillé le procureur de Paris François Molins, lors d'une conférence de presse donnée mercredi après-midi.

Samedi soir, veille de son interpellation, le terroriste présumé a reçu plusieurs messages l'incitant fortement à passer à l'acte, malgré ses réticences.

> Combien de complices?

C'est également par le biais d'indications SMS que le jeune homme récupère son arsenal de guerre dans une Renault Mégane, garée à Aulnay-sous-Bois, il y a une dizaine de jours. Le propriétaire du véhicule, possible complice de Sid Ahmed, est activement recherché par les enquêteurs. Mais l'étudiant pourrait avoir bénéficié de l'aide de plusieurs complices, compte tenu de la quantité d'armes saisie.

En effet, le fait qu'un total de quatre fusils d'assaut et quatre gilets pare-balles aient été retrouvés peut laisser supposer que Sid Ahmed Glahm préparait cet attentat avec trois autres personnes, cet arsenal étant démesuré pour une seule personne. 

La soeur de l'étudiant affirme l'avoir eu au téléphone samedi soir. Selon elle, Sid Ahmed Ghlam était dans sa chambre, et un homme, d'origine kabyle, se trouvait avec lui à ce moment là. S'agissait-il d'un de ses complices? L'enquête permettra peut-être de le savoir.

> Qui est la femme placée en garde à vue?

Enfin, la jeune femme de 25 ans interpellée à Saint-Dizier, en Haute-Marne (commune où vit la famille de Sid Ahmed Ghlam, NDLR), et placée en garde à vue mercredi, est-elle aussi une complice? Le lien exact de cette mère de famille avec Sid Ahmed, dont elle est proche, est encore flou. Etait-elle sa petite amie? Une simple connaissance?

D'après la soeur de Sid Ahmed Ghlam, citée par le Parisien, cette femme était "amoureuse de lui" et voulait l'épouser. "Il n'a pas voulu se marier avec elle parce qu'elle avait déjà deux enfants", a justifié la soeur du terroriste présumé.

Cette femme a été interpellée dans son pavillon à Saint-Dizier, qu'elle loue depuis six mois, et dont les volets restaient toujours fermés. Selon son voisinage, cette Française convertie à l'islam sortait régulièrement de chez elle habillée d'une burka, et avait assez peu de contact avec ses voisins.

La jeune femme était en tout cas en contact régulier avec Sid Ahmed, selon le Parisien, qui précise que des armes auraient été saisies chez elle lors d'une descente de police, mercredi matin.