Attentat déjoué: François Fillon est le candidat le plus protégé de la présidentielle
C'est par un appel provenant du ministre de l'Intérieur en personne que François Fillon a été alerté de la menace terroriste qui pèse sur sa campagne. L'interpellation de deux hommes mardi matin à Marseille, soupçonnés d'avoir eu l'intention de passer à l'acte "dans les tout prochains jours", "à la veille de l'élection", ont confirmé les risques. A ce stade, la cible de ces deux suspects reste indéfinie: on ignore si un candidat, un meeting ou un bureau de vote était en particulier visé.
L'ouverture de deux enquêtes préliminaires pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", par le parquet de Paris a permis aux services de la Direction générale de la sécurité intérieure, de remonter jusqu'aux deux suspects, âgés de 23 et 29 ans, connus pour s'être radicalisés en prison. Une photo, montrant le plus âgé des deux hommes, arme à la main, et drapeau de Daesh en fond, et tenant un journal avec une photo de François Fillon, a alerté les services de renseignement d'un passage à l'acte imminent.
Tireurs d'élites et Raid
A l'annonce de ces arrestations, l'équipe du candidat Les Républicains affirmait que François Fillon a été alerté dès vendredi par le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, des "risques avérés" pesant sur sa personne. Le locataire de la place Beauvau l'a d'ailleurs rappelé ce mardi pour l'informer de la neutralisation des deux suspects. "Depuis quelques jours déjà, on entendait des bruits et aujourd’hui, on voit que les menaces étaient tout à fait sérieuses", a d'ailleurs confirmé sur BFMTV, Georges Fenech, député LR.
Outre la dizaine de policiers du Service de la protection qui l'entoure, après avoir été enfariné à Strasbourg au début du mois, la vigilance autour de François Fillon s'était renforcée avec plus d'officiers de sécurité autour du candidat. Vendredi soir, la sécurité à son meeting, qui se déroulait à Montpellier, avait été renforcée par la place Beauvau. Des tireurs d'élite, et des hommes du Raid, avaient notamment été déployés. Les fouilles avaient été renforcées. Au point que l'ancien Premier ministre ne traversait plus la foule avant de monter sur la tribune.
"La protection a été renforcée depuis plusieurs jours, confirme Luc Chatel. A la fois la protection rapprochée avec des agents supplémentaires et avec l'intervention de policiers spécialisés."
Fillon, personnalité la plus menacée
Car depuis l'interception du photomontage par les services de renseignement la semaine dernière, l'Uclat, l'unité de coordination de la lutte anti-terroriste, a classé le candidat Les Républicains au niveau 2 des personnalités menacées, sur une échelle de 1 à 4 (le niveau 1 correspondant aux personnalités les plus menacées, le niveau 4 les moins).
François Fillon est le seul candidat classé dans cette catégorie. Marine Le Pen est au niveau 3, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon au niveau 4. Résultat, le nombre d'officiers de sécurité pour François Fillon est passé de 10 à 12 hommes. Lundi, les services de sécurité lui ont demandé de porter un gilet pare-balles. Mais le candidat leur a opposé un refus catégorique.
"Tout le monde est menacé"
Pour les soutiens du candidat Les Républicains, la posture de François Fillon face à la menace jihadiste qui en font une cible de choix. "Il est certain que la stature internationale de François Fillon, les positions courageuses qu’il a prises pour vaincre le totalitarisme islamique (...) l’expose", estime Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du-Rhône. Saluant l'action des services de sécurité, François Fillon a lui voulu nuancer cette menace:
"Ça ne change strictement rien à l’organisation de ma campagne, a-t-il déclaré lors d'un déplacement dans le Nord. Ça ne doit pas conduire à focaliser le débat de la campagne sur des questions de sécurité et surtout sur la mienne. Je pense que tout le monde est menacé aujourd’hui."
Comme François Fillon, Marine Le Pen, Benoît Hamon ou encore l'entourage d'Emmanuel Macron ont expliqué avoir reçu le signalement des deux suspects dès la semaine dernière. La photo des deux hommes, qui faisaient l'objet d'un avis de recherche, avait été distribuée aux services de sécurité. "Cela fait quelque temps que des démineurs passent par précaution avant chaque meeting", glissait au Journal du Dimanche un proche du candidat d'En Marche!. Mais la menace semblait s'intensifier ces derniers jours.
Renforcement de la sécurité
Selon la notoriété des candidats à l'élection présidentielle, un nombre défini de policiers du Service de la protection, spécialisés dans la sécurité des personnalités, a été déployé pour cette campagne: une dizaine autour de François Fillon, idem pour Benoît Hamon, huit autour de Jean-Luc Mélenchon, sept pour Emmanuel Macron. Philippe Poutou, Nathalie Arthaud ou encore Jean Lassalle ont eux refusé ce dispositif.
"On a bien sûr renforcé la sécurité de l’ensemble des candidats, mais sur certains candidats sur lesquels on avait des menaces encore plus précises, on a encore un peu plus renforcé la sécurité, précise Pierre-François Degand, syndicaliste Alliance-SDLP. La plus grosse difficulté pour ces officiers résident lors des meetings quand ils doivent "scanner des centaines de têtes".
Toutefois, les candidats refusent que cette garde rapprochée apparaisse de manière trop visible sur les photos de campagne.