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Terrorisme

Attaque au couteau à Paris: faut-il réformer la fiche S ?

L'attaque a été perpétrée dans le quartier de l'Opéra à Paris.

L'attaque a été perpétrée dans le quartier de l'Opéra à Paris. - Thomas SAMSON / AFP

Faut-il réformer les fiches S, de nouveau pointées du doigt après l'attaque au couteau de Paris samedi soir? Inefficaces pour prévenir les passages à l'acte, elles restent un outil de suivi et d'informations pour les services de renseignements français.

Au lendemain de l'attaque au couteau revendiquée par Daesh qui a fait un mort à Paris samedi soir, le débat sur l'efficacité des fiches S était de retour. L'auteur de l'attaque, fiché S comme celui de Trèbes et celui de Marseille, a pu passer à l'action malgré son inscription en 2016. Outil de renseignement et de suivi utilisé par la DGSI notamment, les fiches S n'induisent en aucun cas une décision de justice à l'encontre des intéressés. Que faire avec ce fichage, efficace pour les services de renseignements, mais qui n'empêche pas le passage à l'acte ?

Faut-il alors réformer les fiches S, qui "ne servent à rien" comme l'assurait Marine Le Pen lundi matin sur Radio Classique ? "Il faut mieux les utiliser. Comment à partir d’un comportement collectif, on peut déterminer qui va passer à l’acte ?", assure Christophe Barbier sur le plateau de BFMTV qui estime qu’il ne faut pas faire de nouveaux textes de loi mais simplement écouter les forces de l’ordre et leurs besoins. "On est passé d’une lutte défensive à une lutte offensive en bombardant Daesh en Syrie. Il faut désormais passer à une lutte préventive et ça, c’est très compliqué estime-t-il.

"Rechercher une infraction à caractère terroriste"

Pour Dominique Rizet, le problème vient des moyens mis en place pour la surveillance: "Il n'y a pas assez de moyens, pas assez de personnel pour gérer ces fiches S. Il y a énormément de difficultés pour graduer la possibilité d'un passage à l'acte".

"On n'est pas dans Minority Report (…) On ne peut pas mettre une personne en prison parce qu'elle est fichée S. Sinon, c'est la porte ouverte à tout!", explique pour sa part le magistrat Charles Prats sur RMC, qui pense avoir la solution:

"Ce que l'on peut faire, c'est une revue exhaustive de tous les fichés S et aller au-delà de l'évaluation de la dangerosité pour rechercher si on a une infraction à caractère terroriste qu'on peut leur reprocher, même bénigne. Si vous arrivez à détecter une infraction qu'on peut lui reprocher, par exemple apologie du terrorisme sur Internet, à ce moment-là vous pouvez interpeller", assure-t-il.

Effectuer un tri parmi les 15.000 fichés S

Bruno Le Maire, le chef de file des Républicains, a de son côté de nouveau appelé à l'internement préventif des fichés S les plus dangereux, ainsi que l'expulsion des fichés S étrangers.

Du côté de la majorité gouvernementale, c'est Jean-Michel Fauvergue, député de Seine-et-Marne et ancien chef du Raid qui s'est exprimé. Pour lui, il faut opérer un "tri", alors que l'on compte environ 15.000 individus fichés S en France. L'élu a proposé la mise en place de "visites domiciliaires administratives", pour "purger des cibles qui ne sont plus actuelles".

"Peut-être qu’il faudrait envisager, pour les gens expulsables, des expulsions sur le fait qu’ils représentent un danger particulier et sur l’urgence absolue parce qu’ils représentent un danger à l’ordre public", a-t-il ajouté. Une fois émise, une fiche S est valable deux ans. Elle n'est pas renouvelée si l'individu ciblé n'a pas fait parler de lui pendant cette période.

G.D.