Procès Le Scouarnec: l'accusé va être entendu pour la dernière fois par la cour criminelle

Croquis d'audience du 4 mars 2025 montrant l'ancien chirurgien Joël Le Scouarnec lors de son procès à Vannes, dans le Morbihan. - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
Après trois mois de procès, Joël Le Scouarnec va être entendu une dernière fois par la cour criminelle du Morbihan. Jugé à Vannes pour des viols et des agressions sexuelles sur 299 victimes, la plupart étant mineures au moment des faits, le chirurgien aura ainsi une ultime occasion de s'expliquer ce mardi 20 mai, à un peu plus d'une semaine du verdict, attendu le 28 mai.
Durant les premières semaines d'audiences, l'ex-chirurgien de 74 ans avait d'abord reconnu les faits un par un, au fil des témoignages et des débats. Mais le 20 mars dernier, le procès a connu un tournant. Interrogé par son avocat, Me Maxime Tessier, l'accusé, qui risque une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison, a reconnu ce jour-là l'intégralité des faits qui lui sont reprochés.
Ce dernier interrogatoire de Joël Le Scouarnec va se dérouler au lendemain d'une journée consacrée aux défaillances d'institutions médicales ayant permis au chirurgien de continuer à exercer après 2005, quand ce dernier a été condamné pour détention d'images pédopornographiques.
"C'est le procès d'un système"
En 2006, Joël Le Scouarnec avait ainsi été titularisé à la tête du service de chirurgie de l'hôpital de Quimperlé, dans le Finistère, alors que le directeur de l'établissement avait connaissance de cette condamnation.
Le chirurgien avait également averti la directrice de l'hôpital de Jonzac de sa condamnation mais celle-ci l'avait tout de même embauché en 2008.
"On avait un tel besoin de chirurgiens (...), je ne vois pas pourquoi je ne l'aurais pas pris", a-t-elle expliqué lundi au tribunal de Vannes.
En parallèle, sur les marches du palais de justice de Vannes, un collectif de victimes a exhorté lundi responsables politiques et ordre des médecins à s'engager pour des mesures fortes contre la pédocriminalité en milieu médical. "Plus jamais ça", ont scandé une vingtaine de victimes et de proches, soutenus par des associations et syndicats.
"Ce procès n'est pas seulement celui d'un homme, c'est le procès d'un système, celui de défaillances institutionnelles en série, de complicités passives, d'alertes ignorées, de responsabilités diluées, de lenteur judiciaire, de défaut de coordination, d'une culture du silence... C'est un laboratoire des failles systémiques de notre pays", ont-elles déploré.