"Tout semble déjà retombé dans l'indifférence": des victimes de Joël Le Scouarnec manifestent avant la reprise du procès

Déplorant le fait que le procès de Joël Le Scouarnec "ne semble marquer ni le gouvernement, ni le milieu médical, ni la société", elles entendent faire du procès de Joël Le Scouarnec un "point de bascule".
Alors que le chirurgien est jugé depuis ce 24 février par la cour criminelle du Morbihan pour des violences sexuelles sur 299 victimes, dont une majorité étaient mineures, un collectif de victimes organise ce lundi matin un rassemblement devant un tribunal de Vannes.
"Rien ne bouge"
"Si une solidarité précieuse est née entre nous au fil de cette procédure, nous nous étions jusqu'ici peu exprimées collectivement, pensant que nos témoignages individuels et l'ampleur de cette affaire suffiraient à éveiller les consciences", explique le collectif dans un communiqué de presse. "Mais à moins de deux semaines du verdict, tout semble déjà retombé dans lindifférence."
Les victimes membres de ce collectif regrettent que ce procès ne semble finalement "marquer ni le gouvernement, ni le milieu médical, ni la société". "On nous avait promis 'le procès du siècle'". Pourtant, rien ne bouge", constate-t-il. "Aucune leçon n'a été tirée. Aucun acte concret n'a été posé. Le silence continue d'étouffer nos voix, et l’inaction fabrique les victimes de demain."
"L'impunité a duré. Et elle perdure"
"À la barre, les témoignages des anciens collègues du chirurgien sont accablants", juge le collectif. "Ils révèlent l’inaction totale du monde médical. Aucune alerte déclenchée, aucun changement de pratique. L’impunité a duré. Et elle perdure."
"Dans l'affaire Le Scouarnec, on est quand même un laboratoire à ciel ouvert de toutes les défaillances", résume à BFMTV Christine Trouvé, mère d'une des victimes du chirurgien.
Ce lundi, et à moins de deux semaines du verdict, la cour criminelle du Morbihan doit notamment ce pencher sur la série de manques qui ont émaillé l'enquête. Parmi eux, il y a ceux de l'Ordre des médecins, accusé d'avoir fermé les yeux pendant des années sur les agissements de Joël Le Scouarnec.
Condamné en 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, le chirurgien avait ainsi non seulement évité la moindre sanction, mais il avait en plus été titularisé à l'hôpital de Quimperlé.
"Les victimes se disent à un moment donné 'Il y a beaucoup de gens qui savaient'", affirme à BFMTV Arnaud Gallais, cofondateur de Mouv'Enfants, mouvement mobilisé aux côtés des victimes de Joël Le Scouarnec.
"Elles attendent quoi? Une obligation de résultats quand on accueille des enfants. Il faut que les institutions disent clairement ce qu'elles mettent en avant pour lutter contre les violences faites aux enfants au sein de leurs établissements."