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Police-Justice

Procès Fillon: l'Assemblée nationale demande le remboursement des revenus perçus par Penelope Fillon

François et Penelope Fillon lors de leur procès devant le tribunal correctionnel de Paris.

François et Penelope Fillon lors de leur procès devant le tribunal correctionnel de Paris. - AFP

Alors que les réquisitions dans le procès Fillon sont attendues pour mardi, l'avocat de l'Assemblée nationale a plaidé ce lundi après-midi. Me Claisse estime que la rémunération attribuée à Penelope Fillon n'était pas justifiée.

Le procès Fillon arrive bientôt à son terme. Avant les réquisitions de mardi et les plaidoiries de la défense mercredi, c'est l'avocat de l'Assemblée nationale, seule partie civile de ce procès, qui a pris la parole ce lundi. Me Yves Claisse n'a pas été convaincu par les arguments apportés par le couple Fillon pendant deux semaines pour tenter de convaincre la cour de la véracité du travail de Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari, puis du suppléant de ce dernier.

"J'ai retenu dans les débats que beaucoup de choses dans l'emploi de Mme Fillon n'étaient pas matérialisées ou matérialisables", a lancé en prélude l'avocat de l'Assemblée nationale, qui réclame plus d'un million d'euros de dommages et intérêts, soit l'intégralité des revenus perçus par Penelope Fillon entre 1998 et 2002 et 2012 et 2013. "Je réclame exclusivement les préjudices financiers qui sont conditionnés par la condamnation", a-t-il réagi à la fin de l'audience.

La défense fragile de Penelope Fillon

Pour l'avocat de l'Assemblée nationale, le tribunal n'a pas compétence pour juger le travail du député, au nom de la séparation des pouvoirs, mais peut parfaitement statuer sur le travail des collaborateurs. Il s'en est pris à l'un des arguments de la défense qui consiste à dire que tous les députés employaient leur famille à l’époque. "Ce n’est pas parce que tout le monde grille un feu rouge que ce n’est pas une infraction", a taclé Me Claisse.

"Le problème n’est pas de savoir si un député peut salarier son épouse, mais s’il y a une contrepartie au salaire versé", a-t-il poursuivi.

Durant les deux premières semaines de procès, Penelope Fillon, très discrète, a eu toute la peine du monde à convaincre le tribunal, face à un mari bien plus offensif. Répondant laborieusement, elle a eu du mal à développer l'ensemble du travail qu'elle aurait fourni pour son mari et le suppléant de ce dernier. Pour l'accusation, les activités de Penelope Fillon dans la Sarthe étaient celles d'une épouse d'homme politique. Et cet emploi, fictif, était la "contrepartie" à la place de suppléant offerte à Marc Joulaud.

Afin d'apporter la preuve du travail de Penelope Fillon, la défense a fourni à la cour 34 attestations, des témoignages récents. "La plupart sont des personnes qui, à l'approche du procès, se sont proposées", assure l'ancien Premier ministre. "Je ne m'attends pas à ce que le parquet soit touché par la grâce, ils ont depuis le début démontré un entêtement à poursuivre ce dossier, parfois au-delà du raisonnable, a commenté Me Antonin Levy, avocat de François Fillon. Je pense que demain sera la dernière phase de cette hystérisation complète." Les époux Fillon encourent jusqu'à 10 ans de prison.

Justine Chevalier