BFMTV
Police-Justice

La fragile défense de Penelope Fillon au procès du couple pour emplois fictifs

placeholder video
Depuis le 24 février, les époux Fillon sont jugés à Paris pour détournement de fonds publics. À la barre, l'épouse de l'ancien Premier ministre peine à convaincre de son rôle réel d'assistante parlementaire auprès de son mari.

Penelope Fillon a-t-elle été une assistante parlementaire ou a-t-elle simplement rempli le "rôle social" que l'on prête aux époux d'élus? Durant les quatre premiers jours d'audience du procès Fillon, la très discrète femme de l'ancien Premier ministre a eu toute la peine du monde à convaincre le tribunal, face à un mari bien plus offensif. Le couple, jugé à Paris jusqu'au 11 mars pour détournement de fonds publics, encourt jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 1 million d'euros d'amende.

"Il n'y a pas beaucoup de preuves concrètes de ce que je faisais"

Jeudi d'abord, Penelope Fillon, répond, très laborieusement, aux salves de questions du ministère public:

- J'ai toujours travaillé en retrait, en observation, dit la sexagénaire, d'une voix effacée avec un léger accent britannique, serre-tête noir dans des cheveux argent.
- Vous êtes une travailleuse passive, c'est assez surprenant comme concept, raille l'un des deux procureurs, Aurélien Létocart.

Le parquet national financier (PNF) accuse le couple d'avoir détourné plus de 400.000 euros d'argent public entre 1998 et 2002 puis en 2012 et 2013. Il, rappelle notamment une déclaration de Penelope Fillon à la presse en 2007, où elle affirmait, après plus de vingt ans de collaboration, "(aimer) observer le monde au travail".

"C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de preuves concrètes de ce que je faisais", finit par lâcher Penelope Fillon, droite à la barre du tribunal correctionnel, après cinq heures de débats.

Un discret rôle de "relais" auprès des Sarthois

La Galloise d'origine s'évertue, tant bien que mal, à expliquer qu'elle travaillait bien, à la gestion du courrier, de l'agenda local ou de la relecture de discours, tout en ne s'intéressant ni à ses salaires, ni à ses contrats. Elle raconte avoir joué "dès le début" le rôle de "relais" entre son époux et "les habitants".

Après 1981, cette dernière est également rémunérée par son mari pour des études ponctuelles aux intitulés nébuleux: "L'aménagement du bocage sabolien", "Études générales", "Organisation du secrétariat"...

- Qui décidait des thèmes?
- C'est mon mari.
- De l'argent?
- Mon mari.

"Nous avons mal pour vous"

Face à celle qui a toujours fui les projecteurs, "nous compatissons", "nous avons mal pour vous", osent les procureurs. Le malaise se poursuit lundi, lors de la présentation des preuves par la défense. À la barre, Penelope Fillon bafouille et ne perçoit pas les perches tendues par la présidente:

- Je dois comprendre que vous passiez un coup de téléphone à la famille de ceux qui vous écrivaient pour vous renseigner sur leur demande?, lui demande la magistrate, qui tente d'interpréter son rôle, selon Le Point.
- Sans doute… (...) C'est probable…, élude Penelope Fillon.

"C'est un peu compliqué, comme parcours"

L'épouse de l'ancien candidat à la présidentielle s'empêtre aussi lorsque la présidente lui fait remarquer qu'elle ne répondait pas directement aux courriers reçus à leur maison de Beaucé:

- C’est un peu compliqué, comme parcours, dit Nathalie Gavarino, dans des propos rapportés par France Inter. Quel était votre rôle, c’est ça que j’essaie de comprendre. La secrétaire de Monsieur Fillon, avec son expérience, elle avait vraiment besoin de vous pour ça?
- Oui, c’était utile je pense, d'avoir ce double regard, enfin, pas sur tout, hésite-t-elle.

Après une pause mardi, le procès reprend ce mercredi, avant l'interrogatoire des Fillon par la défense sur leurs éléments de "preuve" jeudi.

E.P avec AFP