Procès du Carlton de Lille: DSK à l'heure des réquisitions

Dominique Strauss-Kahn, peu après l'une des audiences du procès du Carlton de Lille. - BFMTV
Il risquait jusqu'à dix ans de prison et 1,5 million d'amende: Dominique Strauss-Kahn devrait pourtant être finalement relaxé dans le procès du Carlton de Lille. Si l'intime conviction des parties civiles penche en faveur de sa culpabilité, aucun élément de preuve tangible n'a permis d'étayer ce ressenti.
Ce mardi, le procureur de la République, qui doit prononcer ses réquisitions et indiquer s'il considère DSK coupable de proxénétisme aggravé ou non, devrait plutôt demander la relaxe du prévenu, comme le laisse présager le renoncement de deux parties civiles à exiger de lui réparation. Le tribunal devra ensuite trancher, mais n'a aucune obligation de s'en tenir aux réquisitions du parquet.
Si la relaxe est requise par le procureur Frédéric Fèvre et sa substitut Aline Clérot, cela s'inscrirait dans la continuité du non-lieu requis par le parquet de Lille, avant le renvoi en correctionnelle de l'ancien favori socialiste à l'élection présidentielle. Le parquet avait en effet exprimé ses doutes sur les conclusions des juges d'instruction, qui avaient pointé le fait que DSK savait, selon eux, qu'il avait affaire à des prostituées.
La "conviction" ne suffit pas
Les avocats des parties civiles vont aussi dans ce sens: aucun d'entre eux n'a réclamé de condamnation à l'encontre de DSK, lundi. Me Gilles Maton, défenseur des anciennes prostituées Mounia et Jade, qui ont eu des relations avec DSK largement évoquées au procès, a même renoncé à obtenir réparation de lui. "Nous avons la totale conviction qu'il savait pertinemment qu'il avait affaire à une prostituée. Mais devant un tribunal correctionnel, la question de l'intime conviction ne se pose pas. Il faut des éléments de preuve".
Un point crucial qui a fondé la défense de l'ancien patron du FMI: DSK a une vie dissolue, certes, et ses trois jours d'auditions ont permis de dresser un portrait peu amène de l'homme. Mais il maintient n'avoir jamais deviné que les femmes "invitées" par ses amis du nord étaient payées pour avoir des rapports sexuels avec lui, et rien ne prouve l'inverse. Dès lors, l'infraction de proxénétisme aggravé n'est plus constituée.
Sévérité attendue pour les autres
Le parquet risque fort, en revanche, de se montrer beaucoup plus sévère à l'encontre de certains des 13 autres prévenus qui comparaissent dans ce dossier, à en juger par la teneur des débats. Les deux entrepreneurs et amis de DSK, Fabrice Paszkowski et David Roquet, n'ont jamais nié avoir recruté des prostituées et les avoir emmenées lors des soirées auxquelles participait le directeur général du FMI. Ils ont surtout insisté sur le fait d'avoir gardé ce "secret" à deux, jouant devant DSK la carte des soirées libertines dont ce dernier était adepte.
René Kojfer, ancien chargé des relations publiques de l'hôtel Carlton, et son ami d'enfance Dominique Alderweireld, dit Dodo la Saumure, souteneur en Belgique, ont de leur côté été ciblés sans ménagement par les parties civiles. Les représentants des quatre anciennes prostituées ont finalement demandé lundi un euro symbolique au nom de leurs clientes. Pour le principe.