Carlton de Lille: pour David Roquet, DSK ne savait pas qu'il s'agissait de prostituées

David Roquet, l'un des quatorze prévenus dans l'affaire du Carlton de Lille, proche de DSK, sort de son silence sur BFMTV. Son témoignage pourrait disculper l'ancien patron du FMI.

Il s'agit d'un témoignage capital dans l'affaire du Carlton de Lille, qui pourrait sauver Dominique Strauss-Kahn. Pour la première fois depuis le début du procès, l'un des proches de DSK, David Roquet, sort de son silence, au micro de BFMTV.

Accusé lui aussi de proxénétisme aggravé en réunion, cet ancien directeur d'une filiale du groupe Eiffage dans le Pas-de-Calais comparaîtra la semaine prochaine, et ce qu'il dira pourrait disculper l'ancien patron du FMI.

"Je venais accompagné, c'était l'essentiel"

David Roquet l'affirme, DSK ignorait que les femmes présentes aux parties fines étaient des prostituées. "Béatrice, j'avais dit qu'elle était restauratrice à Bruxelles, ensuite j'avais dit que c'était des secrétaires d'Eiffage", explique-t-il, reconnaissant ainsi avoir lui-même caché au numéro un du FMI qu'il s'agissait de prostituées. "Je venais accompagné, c'était l'essentiel", poursuit-il.

Alors que certaines des prostituées présentes à ces parties fines ont expliqué qu'il fallait être un peu "naïf" pour ne pas se rendre compte de leur profession, David Roquet affirme le contraire. "Bien sûr que non. Celles qui nous accompagnaient étaient élégantes, cultivées. Ce n'était pas de la 'boucherie' ou de 'l'abattage' comme on a pu l'entendre".

Une seule idée en tête: se rapprocher de DSK

C'est son ami, l'entrepreneur Fabrice Paszkowski, l'un des autres prévenus, qui l'introduit dans ces soirées. Il accepte de payer les déplacements, les restaurants et même les prostituées. Au total, plus de 46.000 euros de frais sont engagés. A l'époque, David Roquet n'a qu'un but, se rapprocher de DSK.

"On passe une après-midi avec quelqu'un qui est numéro deux du monde, et futur président de la République. Bien sûr que j'apprécie", reconnaît-il. "Je me dis, hormis le côté agréable, si j'entretiens le contact avec monsieur Strauss-Kahn, une fois qu'il sera à la présidence de la République... Mon objectif, c'était ça, professionnellement. C'était d'organiser un déjeuner avec monsieur Strauss-Kahn, et mes grands patrons ".

David Roquet, 46 ans, a été licencié par Eiffage, qui l'employait depuis plus de vingt ans. Pour lui, sa vie est aujourd'hui brisée. "Je n'ai plus aucun rôle social. Je passe ma journée tout seul sur mes chantiers, je parle aux chats des clients. C'est ma vie aujourd'hui", raconte-t-il, ému aux larmes. Pour ses dix soirées passées avec Dominique Strauss-Khan, David Roquet risque jusqu'à dix ans de prison.

A.S. avec Sarah-Lou Cohen et Amélie Pateyron