Procès Agnelet: l'Italie ouvre une enquête préliminaire

Maurice Agnelet, le 17 mars 2014. - -
C'était une nouvelle journée cruciale. Mercredi, un terrible drame familial s'est joué lors du 3e procès en appel de Maurice Agnelet, devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, à Rennes. Alors que le père est accusé d'avoir tué il y a plus de 30 ans sa maîtresse Agnès Le Roux, sa famille, déchirée par cette affaire, a réglé ses comptes et soldé son passé à la barre. Par ailleurs, les derniers rebondissements ont conduit les autorités italiennes à ouvrir une enquête préliminaire en Italie, où aurait pu être assassinée la riche héritière.
L'audience du jour a été synonyme de confrontations intenses entre les différents membres de la famille, la cour ayant vu se succéder l'ancienne compagne de Maurice Agnelet et celle de leur fils, Guillaume, qui accuse son père du meurtre. Le président de la cour d'assises a également décidé de confronter les deux frères Agnelet.
Première à témoigner mercredi, Annie Litas, la mère de Guillaume Agnelet, a "formellement" contesté les accusations de son fils, mercredi, en témoignant lors d'une visioconférence très attendue. "Je trouve ça totalement irréaliste et rocambolesque. Je n'ai jamais prononcé ces propos", a-t-elle déclaré. Pour rappel, Guillaume a dit qu'elle savait tout du crime et lui en avait parlé.
Une mère "totalement démunie"
"Je suis sa mère et je le resterai toujours mais je suis totalement démunie face à ses déclarations. Je ne comprends pas. Je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse faire de telles déclarations", a ajouté Annie Litas, avant de préciser: "Il s'est éloigné de son père, de son frère, puis de moi-même. Il a même eu un geste de violence à mon égard".
"Cet enfant a sûrement beaucoup souffert. J'ai ressenti ces dernières années qu'il était en souffrance", a-t-elle expliqué. Peu après, le président a réalisé qu'elle lisait un papier et lui a ordonné de l'écarter. "Je suis perturbée depuis 48 heures", a conclu l'ex-épouse de Maurice Agnelet.
#Agnelet c'est encore plus terrible que tt ce que l'on peut imaginer, cette confrontation entre une mère, son fils, sous les yeux du père.
— pascale.robert-diard (@robert_diard) 9 Avril 2014
Un fils à bout après "trente ans de mensonges"
De son côté, Guillaume Agnelet a réitéré les accusations contre son père, mercredi. "Oui je les confirme", dit-il. "Je viens pour retranscrire ce qui depuis près de 30 ans est au plus près de mes souvenirs. Je ne viens pas pour faire la guerre (au reste de la famille, ndlr)", précise-t-il avant d'ajouter qu'il avait "compris" qu'il le regretterait s'il ne parlait pas.
Guillaume Agnelet dit qu'il s'agissait pour lui d'un choix "cornélien". "Je savais quelles conséquences ça pourrait avoir", a-t-il reconnu. Il a également déclaré avoir dit à sa famille, il y a quelques années: "Atterrissez ! Atterrissez! Je harcelais ma mère tous les jours" pour que la "vérité" sorte, dénonçant 30 ans de secrets et de mensonges, lors de son témoignage.
Une enquête s'ouvre en Italie
Toujours selon Guillaume Agnelet, le meurtre d'Agnès Le Roux aurait pu se produire à Monte Cassino, au sud de l'Italie. Des informations tirées des révelations que lui auraient faites ses parents, à l'époque. Et qui ont conduit les carabiniers italiens à ouvrir ce mercredi une enquête. "Nous effectuons une enquête préliminaire dont les résultats seront communiqués au parquet local", a déclaré à l'Agence France-Presse (AFP) le capitaine Silvio De Luca, chef des carabiniers de Cassino.
"Le parquet général de Rennes n’est tout d’abord pas en mesure de se prononcer sur le fond de cette enquête préliminaire italienne dont nous ne connaissons pas les détails", a annoncé, côté français, Rodolphe Jarry, Secrétaire général du parquet de Rennes. "En revanche, le parquet général a été saisi d’une demande officielle tendant à la communication de copies de plusieurs pièces du dossier relatif au procès contre Maurice Agnelet parmi lesquelles le procès-verbal de l’audition de Guillaume Agnelet, la synthèse de l’enquête de police judiciaire et l’arrêt à venir de la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine."
Un frère qui défend son père
La phrase de la matinée au procès #agnelet : Guillaume "Quand j'entends les autres dire qu'ils ne se souviennent pas, je les envie"
— Anne-Sophie Hojlo (@ashojlo) 9 Avril 2014
Guillaume a de nouveau assuré que son père lui avait dit lorsqu'il avait 16 ans: "Tant que le corps n'est pas retrouvé, je ne risque rien. Moi je sais où il est, le corps". Face à ces accusations réitérées, Maurice Agnelet nie en bloc. "Je partage l'avis de sa mère: il est en souffrance", dit-il.
Guillaume a ensuite été confronté à son frère Thomas en fin de matinée. Thomas, qui soutient l'innocence de leur père, a de nouveau contesté les déclarations de Guillaume, notamment les confidences que Maurice Agnelet leur aurait faites. "Pour moi ça n'a jamais existé", a affirmé Thomas.
Bénéficiaire d'un non-lieu en 1985, puis acquitté en 2006, Maurice Agnelet a été condamné en appel à 20 ans de prison en 2007, avant que la Cour européenne des Droits de l'Homme estime début 2013 que ce procès n'était pas équitable. Les plaidoiries auront lieu jeudi. Le verdict est attendu vendredi.