Pour Bernard Squarcini, Mohamed Merah était le "bras armé" de son frère Abdelkader

Bernard Squarcini, l'ancien patron de la DCRI. - Capture BFMTV
C'était un témoignage attendu et rare. Bernard Squarcini, l'ancien directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI en 2014 avec la fusion de la DST et des RG) a été entendu ce jeudi après-midi par la cour d'assises spéciale de Paris qui juge Abdelkader Merah pour "complicité d'assassinats" pour les crimes commis par son frère Mohamed. Une audition qui devait lever le voile sur les possibles dysfonctionnements dans le suivi du terroriste.
"Des ratés, je ne sais pas, je dirais des retards", a tranché Bernard Squarcini, patron de la DCRI entre 2008 et 2012.
Estimant que "le risque zéro" en matière d'attentat n'existe pas, l'ancien patron du renseignement français est revenu sur l'enquête après les premiers assassinats de Mohamed Merah, d'abord à Toulouse puis à Montauban. Lundi, devant le tribunal, un ancien policier de ses services avait assuré avoir prévenu à l'époque les policiers en charge de cette tuerie des risques islamistes.
"Pour moi, c'était évidemment la piste islamiste et pas l'extrême droite", indique Bernard Squarcini, qui assure être à l'origine de la demande à ses services de constituer une liste de potentiels suspects. Pour lui, cette note datait du 18 mars, et non du 16 comme le précisait l'autre témoin, soit moins de 24 heures avant la tuerie de l'école juive d'Ozar Hatorah.
Mohamed, "bras armé" d'Abdelkader Merah
Autre question sur une possible faille: la demande non suivie de judiciarisation du dossier de Mohamed Merah, afin qu'il passe aux mains d'un magistrat, par les services de renseignement toulousains. Face à la cour ce jeudi, l'ancien patron de la DCRI a opposé une réponse étonnante, assurant n'avoir jamais été informé de cette requête.
Concernant l'entretien administratif réalisé par les services parisiens de la DCRI et cette note, deux mois avant les attentats, préconisant l'arrêt de la surveillance de Mohamed Merah, Bernard Squarcini évoque le profil trouble du terroriste, totalement paranoïaque, qui vivait reclus, sans téléphone portable ou qui vérifiait sous son véhicule si une balise GPS n'était pas installée.
Ce profil a également été l'objet de nombreuses questions. Bernard Squarcini a notamment été interrogé sur cette fameuse qualification de "loup solitaire", qu'il avait attribuée à Mohamed Merah. Il a parlé de réaction à chaud, de "terme opérationnel, technique" sorti de son contexte. Car l'ancien patron n'a cessé de rappeler les connexions et les influences de Mohamed Merah. Avant d'accabler Abdelkader Merah qu'il fait de lui un réel complice. "Mohamed Merah a été armé au niveau bras et tête par Abdelkader", assure Bernard Squarcini, qui cite également l'influence de la famille, mais également des réseaux islamistes, de la filière d'Artigat. "Dans cette nébuleuse importante, nous avions un puzzle assez incomplet pour avoir une analyse éclairée", se défend l'ex-patron du renseignement.
Mais si le terroriste a choisi d'agir seul, c'est pour une seule raison: durer.