BFMTV
Police-Justice

Mort de Nahel: la femme qui a posté la vidéo du tir du policier dit avoir fait "son devoir"

placeholder video
Dix jours après la diffusion de la vidéo où l’on voit le jeune Nahel, tué par un tir de la police à Nanterre, la jeune femme qui a posté les images estime au micro de BFMTV avoir agi comme n’importe quel citoyen et "peut entendre la colère des Français".

Elle s'exprime pour la première fois. La jeune femme qui a révélé au grand public les images de la mort de Nahel, tué par un tir de police le 27 juin dernier à Nanterre, a confié à BFMTV avoir "fait son devoir" en diffusant la vidéo sur les réseaux sociaux. Elle s'est rappelé de cette journée qu'elle n'est pas prête d'oublier.

Au matin du 27 juin, Olivia*, 27 ans, est à son travail, à Nanterre. Peu avant 9 heures, l'une de ses collègues franchit la porte du bureau et lui raconte qu'elle a été témoin d'une scène terrible: un coup de feu tiré par un policier en direction du conducteur d'une voiture. Cette dernière a filmé les faits et va vite chercher à confier son effroi à Olivia*.

"Quand je vois la vidéo, je trouve ça très choquant et grave. Je n'imaginais pas que cela pouvait arriver à proximité de là ou je travaille", explique, dix jours plus tard, Olivia* à BFMTV.

Le choix de la diffusion

Elle est alors l'une des premières à découvrir ces images en France. Très rapidement, elle se pose la question de la diffusion de cette vidéo et de la meilleure manière de dénoncer ces faits ainsi que leur gravité.

Mort de Nahel : une difficile enquête face à 2 versions qui s'affrontent
Mort de Nahel : une difficile enquête face à 2 versions qui s'affrontent
17:45

"Je me sentais assez gênée de devoir aller au commissariat avec cette vidéo. Je sais que des policiers font bien leur travail, mais quand on voit ça et qu'on connaît la première version qui a été donnée et qui n'était pas le reflet de ce qu’on voyait dans la vidéo, je pense que j’ai bien fait de la poster", a-t-elle assuré.

En effet, peu après que les faits ont été dévoilés, une première version policière, selon laquelle le policier avait tiré car le véhicule lui fonçait dessus, avait été relayée. D'après un document judiciaire que BFMTV a pu consulter, la première synthèse rappelant la chronologie des événements confirme bien cette thèse: "Le fonctionnaire de police s'est mis à l'avant pour le stopper. Le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire."

Dans ce contexte, Olivia* décide de diffuser la vidéo sur son compte Twitter. En faisant cela, la jeune femme se dit que c'est son devoir de citoyenne de révéler cette scène particulièrement choquante.

Des conséquences inattendues

La jeune femme n'imaginait pas pour autant que la séquence, déjà visionnée près de trois millions de fois, allait générer cinq nuits d'émeutes.

"Je peux entendre la colère des Français. S'il n'y avait pas eu la vidéo, quelle aurait été la suite?", se demande encore aujourd’hui Olivia*.

Celle qui souhaite toujours aujourd’hui garder l'anonymat explique avoir reçu dans les heures qui ont suivi la diffusion de la vidéo d’innombrables messages: "Je ne suis pas quelqu'un qui souhaite la lumière, j'ai même été contactée par la presse internationale. Je pense juste avoir fait mon devoir. Je ne pouvais pas faire comme si rien ne s’était passé."

Olivia* et sa collègue qui a filmé la scène n'ont pas encore été auditionnées par les enquêteurs.

*Le prénom a été modifié pour préserver l'anonymat du témoin.

Par Matthias Tesson