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Police-Justice

"Mes clients ont perdu le goût à la vie": l'avocat de la famille blessée dans l'accident répond à Pierre Palmade

Ce portrait-robot réalisé le 20 novembre 2024 montre Pierre Palmade entouré de ses avocats Alain Barsikian et Céline Lasek, face à Mourad Battikh, l'avocat de la famille des victimes, lors d'une audience de la Cour d'appel de Paris.

Ce portrait-robot réalisé le 20 novembre 2024 montre Pierre Palmade entouré de ses avocats Alain Barsikian et Céline Lasek, face à Mourad Battikh, l'avocat de la famille des victimes, lors d'une audience de la Cour d'appel de Paris. - Benoit PEYRUCQ / AFP

Le comédien Pierre Palmade a déclaré ce mercredi 20 novembre devant le tribunal judiciaire de Melun ne plus "avoir cette envie de mourir" contrairement à la période précédant l'accident lorsqu'il avait "perdu goût à la vie".

Devant le tribunal judiciaire de Melun, Pierre Palmade a affirmé ce mercredi 20 novembre qu'il avait "perdu le goût à la vie" avant le grave accident de la route qu'il a causé en février 2023 en Seine-et-Marne et pour lequel il est jugé. Trois personnes avaient grièvement été blessées dans cet accident: Yuksel Yakut, son fils de six ans Devrim et Mila, sa belle-sœur qui a perdu son fœtus dans la collision.

"Aujourd'hui, j'ai retrouvé les choses simples. Se réveiller en forme, écrire, profiter de sa famille", a-t-il expliqué soulignant être abstinent de toute drogue depuis 17 mois grâce à la cure qu'il suit à Bordeaux.

Face à quoi l'avocat des parties civiles a vivement réagi. "Mes clients, eux, ont perdu le goût à la vie", a déclare Me Mourad Battikh à la fin de sa plaidoirie en fin d'après-midi.

Il raconte que le mari de Mila, la jeune passagère alors enceinte de six mois qui a perdu son enfant après l'accident, a décidé de ne pas venir au procès "parce que lui n’avait sans doute pas autant envie de pardonner à monsieur Palmade".

"Il ne pardonne pas que cet homme, par ses choix inconsidérés, a fait exploser sa famille", a-t-il abondé.

Avant d'ajouter: "Quand on perd un gamin, il n'y a pas de mot. Quand on perd un fœtus, il n'y a pas de loi".

"C’est un drame qui aurait pu être évité"

Me Mourad Battikh conteste en effet la jurisprudence sur le statut juridique de foetus qui considère qu'un bébé devait être viable et vivant à la naissance pour être considéré comme une personne légale. Solin, extrait en urgence par césarienne du ventre de sa mère à six mois de grossesse, était "viable" mais pas "vivant". C'est pourquoi, Pierre Palmade n'a été pas renvoyé devant le tribunal pour "homicide involontaire".

Il a demandé au tribunal de faire évoluer cette jurisprudence mais le procureur de la République s'y est opposé.

Me Mourad Battikh a aussi pris la parole pour évoquer Devrim, l'enfant du père de famille Yuksel Yakut, tous deux blessés dans l'accident. "Si Devrim n’est pas venu, c’est parce que je lui ai dit de ne pas venir", a-t-il déclaré. "Il est dans le coin de sa classe, il est dans le coin du salon. Il est dans le coin de la cour de récréation. Il a peur des autres."

"Il a la mâchoire qui est décalée (...) il voit le regard des autres se poser là-dessus. Il sait que quand il parle, il parle mal. Il sait que sa cicatrice sur le menton est visible, il sait que la cicatrice sur le côté du crâne est visible. Et vous avez de l’empathie. J’ai de l’empathie. Mais les gamins sont cruels", a poursuivi l'avocat.

Me Mourad Battikh a également chargé Pierre Palmade "qui a sciemment pris la décision de consommer de la drogue" avant de prendre la route. "C’est un drame qui aurait pu être évité, qui aurait pu être amoindri, si les passagers n’avaient pas lâchement quitté la scène, quitté les lieux", a-t-il continué.

De son côté, Pierre Palmade a demandé "pardon" aux victimes de l'accident qu'il a causé et a affirmé qu'il aura "toujours ce bébé sur la conscience". Une peine de 5 ans de prison dont deux fermes et trois ans avec sursis probatoire a été requis contre le comédien jugé pour "blessures involontaires".

Juliette Brossault