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Police-Justice

Les policiers, "enfants de Pétain": bataille judiciaire en vue entre Bruno Retailleau et un assistant d'Ersilia Soudais

Bruno Retailleau à l'Assemblée nationale le 8 octobre 2024

Bruno Retailleau à l'Assemblée nationale le 8 octobre 2024 - Thomas SAMSON / AFP

Le ministre de l'Intérieur a annoncé ce mardi 22 octobre déposer plainte contre Ritchy Thibault, le collaborateur parlementaire de la députée insoumise Ersilia Soudais. L'assistant veut de son côté le poursuivre pour dénonciation calomnieuse.

Une plainte pour "injure publique" suivie d'une autre pour "dénonciation calomnieuse". Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé ce mardi avoir porté plainte contre Ritchy Thibault, le collaborateur parlementaire d'Ersilia Soudais, pour injure publique commise envers une administration publique, confirmant une information d'Europe 1.

Le jeune homme, engagé au sein de plusieurs collectifs de gauche anticapitaliste, veut lui aussi saisir la justice pour dénonciation calomnieuse.

"Monsieur Thibault avait, le 14 octobre dernier parlé des policiers comme des 'enfants de Pétain'. Je ne tolérerai aucune insulte contre les forces de l'ordre", juge le locataire de la place Beauvau sur son compte X (anciennement Twitter).

"Un régime en cours de fascisation"

Sous le feu des critiques du locataire de la place Beauvau: un message de Ritchy Thibault posté sur le réseau social.

"La collaboration entre les enfants de Pétain de la police nationale et les torchons de Bolloré est logique", peut-on y lire, en réaction à un article sur le site d'Europe 1 qui indiquait que Ritchy Thibault était "inscrit dans au moins deux fichiers de police".

Selon ce média, le collaborateur d'Ersilia Soudais figure, ou a figuré, dans le fichier des personnes recherchées (FPR), dans lequel il a été fiché en avril 2023 pour régulièrement 'provoquer des troubles à l’ordre public', et pour son appartenance à l’extrême gauche radicale.

Le second fichier concerne la prévention des atteintes à la sécurité publique (FPSAP), dans lequel son nom aurait été ajouté cette année 2024.

"Rien d’étonnant dans le fait d’être fiché par un régime en cours de fascisation. Pour nombre de militants la fiche S est une véritable fiche de salubrité antifasciste", juge encore le militant.

3.000 personnes de "l'ultra-gauche" fichées S

La fiche S pour "sûreté de l'État" répertorie les personnes qui représentent une menace potentielle pour la sécurité de la France, qu'elles aient ou non déjà commis un crime ou un délit.

Environ 20.000 personnes sont sous ce statut en France, dont "3.000 personnes de l'ultra gauche", comme l'avait indiqué Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur en octobre 2023.

Après la communication de Bruno Retailleau sur sa volonté de poursuivre en justice l'assistant parlementaire, l'avocat Henri Braun a fait savoir que Ritchy Thibault lui avait demandé "de porter plainte" contre Bruno Retailleau pour dénonciation calomnieuse.

"Tolérance zéro pour la délinquance ministérielle", ironise-t-il encore.

Retailleau "soutien à un nostalgique du Troisième Reich"

Du côté de Ritchy Thibault, gilet jaune de la première heure, on persiste et signe. Le collaborateur parlementaire rappelle par exemple le soutien de Bruno Retailleau à Gilles Bourdouleix, le maire de Cholet Cet élu LR avait jugé qu'Hitler "n'avait peut-être pas assez tué" de gens de voyage en 2013.

Il a été condamné un an plus tard en appel à 3.000 euros d'amende pour apologie de crime contre l'humanité.

"Il n'est pas raciste", avait défendu Bruno Retailleau, alors président du groupe LR au Sénat en juin dernier sur notre antenne.

"Le ministre de l’intérieur soutient un nostalgique du troisième Reich", dénonce Ritchy Thibault. "Donc la plainte de ce petit personnage ne fait que confirmer mon point de vue sur l’institution policière".

Thibault, en attente d'un procès pour menace de mort envers Macron

En août, Ritchy Thibault avait comparu devant le tribunal de Paris pour menace de mort envers un représentant de l'État. Lors du premier jour du Salon de l'agriculture en février dernier il avait interpellé Emmanuel Macron.

"L’éborgneur, Emmanuel Macron, n’oublie jamais que nous sommes dans le pays de la Révolution française, le pays qui fait tomber la tête des monarques", avait-il lancé à l'adresse duchef de l'État. Le jugement a été renvoyé à 2026.

Particulièrement engagé lors du mouvement des Gilets jaunes, Ritchy Thibault a dénoncé à plusieurs reprises la gestion du maintien de l'ordre à cette époque, notamment sur un plateau de télévision face à Jordan Bardella en 2023.

Marie-Pierre Bourgeois