Le tweet de Booba peut-il aggraver son cas devant la justice?

Booba s’est-il tiré une balle dans le pied? En publiant un tweet provoquant ce mardi, le rappeur qui s’est livré à une violente bagarre avec son rival Kaaris à l'aéroport d'Orly le 1er août n’a peut-être pas servi ses intérêts. C’est ce qu’explique Emmanuel Pierrat, avocat au barreau de Paris, à BFMTV:
"Ces propos arrivent à deux jours d’une décision de justice importante, qui consiste à savoir s’il peut être mis en liberté dans l’attente d’être jugé (…) sur les faits qui ont eu lieu à Orly. C’est une très mauvaise idée que de livrer un tweet ainsi, qui donne l’impression qu’on méprise ou qu’on injurie la justice."
Contexte tendu
Jeudi, la Cour d’appel de Paris décidera si Kaaris et Booba peuvent être remis en liberté en attendant leur procès en septembre, ou s’ils doivent être gardés en détention provisoire. C’est dans ce contexte tendu que celui qu’on surnomme le Duc de Boulogne s’est fendu d’un message surprenant sur Twitter, cherchant à dénoncer une justice à deux vitesses:
"Quand je serai grand, je voudrais être Benalla ou moine pédophile. 10 ans pour une bagarre, c’est avec ou sans streaming? #Uneépoqueformidable."
Un tweet "pas diffamatoire", mais néanmoins risqué
Ces propos, en tant que tels, ne sont pas répréhensibles, selon l’avocat, puisqu'"ils ne sont pas diffamatoires": "Ils ne sont pas injurieux, ils ne sont pas intentateurs aux bonnes mœurs." De plus, en théorie, le juge des libertés "prend en compte d’autres éléments", comme le risque de fuite ou de récidive. Néanmoins, "les hommes et les femmes qui jugent dans ce pays sont des humains qui prennent en compte aussi un comportement général":
"Dans son tweet, il y a aussi le fait que visiblement il n’a pas compris la gravité même de ce qui s’est passé (…) Le traitement par le mépris et par le dédain de la sérénité de la paix publique, ça risque de lui coûter cher devant des juges qui prendront ça en compte pour savoir s’il faut le mettre en liberté."
"Ce tweet va être à charge"
Surtout, ce message pourrait avoir des répercussions sur le jugement final de la bagarre d’Orly:
"Lorsque Booba et Kaaris seront amenés à être jugés en septembre sur le fond, à répondre des faits, à s’expliquer sur leur attitude notamment à Orly mais sur aussi leur comportement depuis, ce qu’ils ont dit, la façon dont ils ont travaillé sur eux-mêmes, dont ils ont appris éventuellement à se calmer, est-ce qu’ils représentent encore des dangers pour la société et pour les autres, ce tweet va être à charge contre Booba, ça me semble une évidence."
"Se moquer des règles"
Booba a-t-il violé la loi en faisant publier ce message alors qu’il est en détention? Si le tweet a été dicté au téléphone à sa manageuse, qui l’a ensuite posté, il s’agit néanmoins d’une infraction "à une règle" selon Emmanuel Pierrat:
"Un détenu ne doit pas communiquer autrement que par le parloir ou dans des téléphones encadrés, avec des cabines, des moments précis sous le contrôle de l’administration pénitentiaire. C’est se moquer également des règles de l’administration pénitentiaire, des régimes de l’incarcération."